Telus (T.T) reviendra à la charge pour acquérir BCE (T.BCE) une fois que les offres des concurrents seront connues, croient les observateurs du marché.

Telus [[|ticker sym='T.T'|]] reviendra à la charge pour acquérir BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] une fois que les offres des concurrents seront connues, croient les observateurs du marché.

À la surprise générale, Telus a indiqué mardi qu'elle renonçait à ses projets d'acquérir Bell, seulement cinq jours après avoir annoncé son intention. Telus blâme les «lacunes du processus de soumission».

Cette volte-face laisse le champ libre aux trois autres groupes (RPC-KKR, Teachers-Providence et Cerberus), qui aurait déposé des offres.

«Rien n'empêche Telus de faire une offre hostile plus intéressante après coup. Au bout du compte, c'est l'actionnaire qui décide», croit Denis Durand, associé principal de Jarislowsky Fraser.

Marc L'Écuyer, de Cote100, est du même avis. La proposition de Telus serait d'autant plus intéressante qu'elle aurait moins d'incidence fiscale pour les actionnaires, puisque la contrepartie offerte comprendrait vraisemblablement une part importante d'actions de Telus.

En attendant, d'aucuns constatent comme Telus que le processus d'enchères est bancal.

«Quand une compagnie est à vendre, elle est à vendre. Il faut ouvrir le data room et être transparent. Moi, j'aurais permis à Telus d'avoir plus de temps pour faire son offre», dit Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance.

Deux sources bien branchées affirment que la direction de Bell, Michael Sabia en tête, est très présente dans le processus, davantage que le comité de quatre membres du conseil d'administration de Bell.

Or, dans un tel cas, Michael Sabia et son équipe sont en conflit d'intérêts, font remarquer MM. Nadeau et Durand.

En effet, ils ont tout intérêt à favoriser une offre plutôt qu'une autre. D'un côté, si Telus acquiert Bell, elle risque de licencier ses principaux dirigeants, Sabia le premier. De l'autre, si l'acheteur est un groupe financier, il aura au contraire besoin d'une équipe de direction pour mener le bateau et l'équipe Sabia aurait plus de corde.

Les firmes de capital privé, c'est connu, offrent beaucoup d'argent aux gestionnaires qui ajoutent de la plus-value à l'entreprise. Certains estiment cette prime à 10% de la plus-value.

Par exemple, si l'acquisition permet à Bell de doubler de valeur d'ici cinq ans, le capital investi par les acheteurs pourrait passer de 7 milliards à 14 milliards de dollars. L'équipe Sabia pourrait ainsi toucher 10% des 7 milliards, soit 700 millions de dollars.

Toujours du côté du processus d'enchères, certains dénoncent le temps qu'il fallait aux dirigeants de Bell pour répondre aux questions. Parfois, les réponses étaient partielles ou arrivaient avec beaucoup de retard.

Arguments pro-Bell

À la décharge de Bell, cette transaction de plus de 30 milliards de dollars est complexe et difficile à digérer.

Des milliers de boîtes doivent être consultées sur divers sujets comme les conventions de prêts, les stratégies d'affaires, les régimes de retraite, le plan de départ pour les ressources humaines, les droits d'emprise pour le réseau de Bell, etc.

Toutes les principales firmes d'avocats au Canada y ont d'ailleurs mis leur nez, pour une partie ou pour l'autre. «C'est comme manger un éléphant avec une cuillère», nous dit une source.

Autre argument favorisant le camp de Bell: le délai pour remettre les offres, le 26 juin, était connu de toutes les parties un mois plus tôt, Telus compris, selon nos informations. L'échéancier n'était donc une surprise pour personne, quoi qu'en dise Telus.

Enfin, contrairement aux autres, l'offre éventuelle de Telus était conditionnelle à l'approbation du Bureau de la concurrence, puisque le tandem Bell-Telus deviendrait un géant au Canada, avec 60% du marché du sans-fil, entre autres.

Ce risque, qui repousse la conclusion d'une transaction de plusieurs mois, mettrait Bell en position d'attente. Or, quelques mois peuvent représenter une éternité dans le monde des télécommunications, qui continue de se transformer rapidement.

Marc L'Écuyer, de Cote100, croit d'ailleurs que le Bureau obligerait Telus à se départir d'une partie de ses activités dans le sans-fil, une perspective qui ferait avorter la transaction.

Mais pendant ces longs mois, les offres des banques d'affaires deviendraient caduques et il faudrait recommencer le processus à zéro. Bell a-t-elle le luxe d'attendre?

Chose certaine, Bell continue d'être discrète. Ni les délais, ni les offres déposées n'ont été confirmées. Du côté de Telus, on ne veut pas davantage faire de commentaires.