Si Alstom parvient à faire cesser les discussions entre Bombardier (T.BBD.B) et la Société de transport de Montréal (STM), c'est tout le projet de remplacement des voitures du métro de Montréal qui sera paralysé.

Si Alstom parvient à faire cesser les discussions entre Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] et la Société de transport de Montréal (STM), c'est tout le projet de remplacement des voitures du métro de Montréal qui sera paralysé.

«Ça va entraîner l'immobilisme total, a affirmé l'avocat de la STM, Me Éric Simard, en Cour supérieure hier, lors de la deuxième et dernière journée d'audience sur une requête d'ordonnance de sauvegarde déposée par Alstom Canada pour faire cesser ces pourparlers. Il est fondamental que le bureau de projet aille de l'avant.»

La raison, c'est qu'il est urgent de remplacer les 336 voitures MR-63. Me Simard a expliqué qu'elles atteignaient maintenant la fin de leur vie utile et qu'elles subissaient des pannes de plus en plus fréquemment.

Cela se traduit par un ralentissement du service et des wagons plus bondés. Et ce, au moment même où le prolongement du métro à Laval entraîne une augmentation du nombre d'usagers et où les gouvernements tentent de promouvoir les transports en commun.

Me Simard, du cabinet Fasken Martineau, a cité le témoignage du chef de la direction de réseau du métro de la STM, Carl Desrosiers, selon lequel tout retard au niveau du bureau de projet risquait de fragiliser le réseau.

«Il n'est pas minuit moins une, il est minuit passé, mais jusqu'ici, nous avons été chanceux», a déclaré M. Desrosiers, cité par l'avocat de la STM.

Alstom veut forcer la STM à tenir un appel d'offres en bonne et due forme, une cause qui sera entendue en septembre prochain.

Or, la STM a déjà commencé à discuter des spécifications des futures voitures avec Bombardier, avec qui elle entreprendra des négociations de gré à gré au cours des prochains mois.

L'avocat d'Alstom, Me Éric Mongeau, du cabinet Elliott Stikeman, a soutenu jeudi que le bureau de projet pourrait continuer le travail de préparation des spécifications techniques des futures voitures sans l'apport de Bombardier, ce qu'a contesté Me Simard vendredi.

Selon lui, les membres du bureau de projet devront interrompre leur travail, ce qui pourrait signifier plusieurs mois de retard dans l'échéancier.

Le gouvernement québécois avait demandé à la STM de procéder à des négociations de gré à gré avec Bombardier parce qu'à son avis, il n'y avait pas d'autre fournisseur de voitures de métro au Canada. Alstom Canada a protesté vivement, faisant valoir qu'elle avait des installations à Sorel-Tracy et à Calgary.

Hier, l'avocat de Bombardier, Me Jean Bertrand, du cabinet Ogilvy Renault, a déclaré qu'il ne suffisait pas d'avoir «une boîte aux lettres» au Canada pour prétendre avoir une réelle présence.

Il a soutenu qu'il fallait des installations de production. Or, Alstom Transport, qui a déjà employé plusieurs centaines de travailleurs à ses ateliers de réfection ferroviaire de Pointe-Saint-Charles, ne compte plus qu'un employé à Sorel-Tracy.

«Bombardier a fait le choix d'investir au Canada, avec notamment une usine à La Pocatière, alors qu'Alstom a choisi de fermer ses opérations de Pointe-St-Charles», a fait valoir Me Bertrand.

Il a affirmé qu'Alstom aurait pu profiter d'une rencontre avec des représentants du gouvernement québécois, le 12 avril 2006, pour annoncer son intention d'investir davantage au Canada.

Alstom a plutôt proposé d'offrir l'assemblage des voitures en sous-traitance à l'usine de Bombardier à La Pocatière, une idée que Bombardier a carrément rejetée.

«Je ne pense pas qu'Alstom soit une victime, a lancé Me Bertrand. C'est plutôt un concurrent frustré d'avoir manqué une opportunité d'affaires. Les victimes, ce sont le gouvernement du Québec, la STM, mais surtout, les usagers du métro.»

Le juge Pierre Jasmin a pris le tout en délibéré.