Le Saguenay-Lac-Saint-Jean restera suspendu aux lèvres de la société Alcan (T.AL) jusqu'à 22 mai, date à laquelle la société canadienne de l'aluminium devra répondre à l'offre publique d'achat (OPA) hostile formulée par le géant américain, Alcoa.

Le Saguenay-Lac-Saint-Jean restera suspendu aux lèvres de la société Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] jusqu'à 22 mai, date à laquelle la société canadienne de l'aluminium devra répondre à l'offre publique d'achat (OPA) hostile formulée par le géant américain, Alcoa.

Entre l'acceptation et le refus de l'offre, se trouve une gamme de stratégies, dont une contre-offre dans le but d'acquérir l'«ennemi».

Le scénario n'a pas été évoqué publiquement. Toutefois, il est dans l'ordre des choses que le conseil d'administration de l'une des sociétés les mieux gérées au monde réfléchisse à une contre-offre.

À Londres, Tokyo ou New York, les investisseurs ne seraient pas forcément émus par cette stratégie, mais au Québec, plus particulièrement dans la région, elle apporterait un peu d'espoir. Faut bien le dire, les Saguenéens et les Jeannois sont attachés à Alcan.

Pas vraiment par amour véritable, mais plutôt parce qu'ils ont appris à connaître leur «ennemi» et lui trouvent, finalement, des qualités accommodantes.

Qui accepterait de partager tant de ressources hydrauliques avec un partenaire qui n'a pas fait ses preuves dans le milieu, même s'il n'est pas le dernier-venu, faut-il préciser.

Reste, toutefois, qu'Alcoa, est rompue à la culture québécoise et à son milieu des affaires. Ce qui n'est pas du tout négligeable, par ailleurs, plusieurs de ses cadres supérieurs proviennent de la Belle province.

Le raisonnement de Belda

En lisant le Financial Times de Londres on comprend mieux pourquoi Alcoa a lancé une OPA contre Alcan.

Il s'agit tout simplement d'une réaction à un marché imprévisible, engagé dans une vague d'acquisitions de la part de nouvelles grandes sociétés qui font fortune dans les économies en émergence. Évidemment, il ne faut pas classer Rio Tinto dans cette catégorie.

Dans le journal londonien, Alain Belda, le grand patron d'Alcoa, illustre, mercredi, sa décision de façon éloquente.

«Si vous ne voulez pas passer par le trou, il suffit d'être plus gros, a-t-il indiqué au journal. Le «trou» en question, pour Alcoa, c'est la possibilité d'être achetée pour un autre géant. Si la bouchée déborde la cuillère, celle qui apparaît comme la plus vorace risque, en effet, de se décourager.

Alcan peut donc jouer à Alcoa le tour de l'arroseur arrosé, dans une ultime tentative de résister à une acquisition. Parce que, si cela ne se produit pas cette fois-ci, ça viendra assurément et rapidement plus tard.

Une société de cette taille, bien gérée, dans un marché en croissance, générant rapport financier après rapport financier des bénéfices intéressants, à la fois bien considérée par les milieux financiers et les organisations environnementales et disposant surtout d'avantages énergétiques, c'est très séduisant.

Conséquences

La région sait également qu'une intégration coûte cher et ce, en tout. Cela a été dit souvent: Alcoa, si elle parvient à ses fins, devra livrer rapidement ses engagements aux actionnaires. Cela signifie un train de décisions convergeant vers l'accroissement des bénéfices.

Alcoa affiche au moins trois handicaps. D'abord, son titre en Bourse a été moins dynamique que celui d'Alcan au cours des deux dernières années, son assiette de projets n'a pas reçu le même accueil que celle qu'elle courtise et n'a-t-elle pas perdu deux courses à l'énergie, au Québec, contre Alouettes et Alcan? Cela sans compter que la situation financière d'Alcan est plus reluisante.

On n'aurait pas besoin d'une table ronde très élaborée pour trouver des péchés véniels à Alcan et peut-être même quelques mortels, mais il reste que la mal-aimée a contribué à la mise sur pied de biens des organisations dans la région.

Ses liens avec l'université régionale, ses efforts pour permettre à certains de ses fournisseurs d'obtenir des contrats dans le monde et ses interventions dans la transformations ne sont que quelques exemples.

Soudain, à la seule pensée qu'elle peut disparaître, on la regrette déjà!