La haute saison des déménagements, de l'aménagement paysagé et des travaux de rénovation approche. Que tous les propriétaires se le tiennent pour dit : on ne paie jamais un entrepreneur avant les travaux. Et lorsqu'on n'a pas le choix, il ne faut jamais verser un acompte de plus de 10%.

La haute saison des déménagements, de l'aménagement paysagé et des travaux de rénovation approche. Que tous les propriétaires se le tiennent pour dit : on ne paie jamais un entrepreneur avant les travaux. Et lorsqu'on n'a pas le choix, il ne faut jamais verser un acompte de plus de 10%.

Autrement, le fournisseur risque de se volatiliser avec l'argent, comme Jean Morency l'a constaté à ses dépens...

Il y avait longtemps qu'il cherchait un entrepreneur pour fabriquer une tonnelle afin d'agrémenter son jardin d'eau. Il a repéré l'entreprise Cèdre Élégance dans une publicité du Salon chalets et maisons de campagne, au printemps 2006.

L'entreprise semblait sérieuse, les produits de qualité, le service à la clientèle impeccable. «On nous avait proposé un concept intéressant», raconte M. Morency. Sur croquis, c'était parfait.

Le contrat incluait aussi la construction d'un portail de 12 pieds de large. Au total, la facture s'élevait à 3260 $. M. Morency a versé un acompte de 1500$, le 6 juin, alors que les travaux devaient débuter en août seulement. «Je pense que j'ai été un peu naïf», avoue M. Morency.

Cèdre Élégance ne s'est pas présentée en août. Quand l'automne est arrivé, il est devenu clair que l'entreprise ne tiendrait pas son engagement.

M. Morency a alors voulu se faire rembourser. Le responsable de l'entreprise, Steve Graindlair, avait l'intention de lui rendre son argent. Mais des difficultés financières l'en empêchaient.

Pour M. Morency, la seule solution reste d'envoyer une mise en demeure, estime Jean Jacques Préaux, porte-parole de l'Office pour la protection du consommateur. Il doit le sommer d'effectuer les travaux ou de le rembourser. Faute de quoi, il intentera une poursuite.

«Même en m'adressant à la cour des petites créances, je doute de pouvoir être remboursé car M. Graindlair ne semble pas solvable», dit M. Morency.

Cèdre Élégance n'est peut-être pas en bonne santé financière, mais elle n'est pas en faillite, pas plus que son responsable Steve Graindlair, d'après une recherche au Bureau du Surintendant des faillites du Canada.

Cèdre Élégance est toujours inscrite auprès du Registraire des entreprises du Québec (CIDREQ). L'entreprise garde son site internet à jour. Elle y présente encore ses services de construction de boiseries ornementales extérieures.

Par contre, il est impossible de contacter Cèdre Élégance. Son numéro de téléphone est hors service, a pu constater La Presse.

S'il s'embarquait dans un recours juridique, M. Morency irait probablement à la pêche dans un étang vide, admet M. Préaux.

De guerre lasse, M. Morency préfère abandonner. Mais il souhaite que sa mauvaise expérience serve à d'autres. Voici justement une série de règles préventives :

* Demandez toujours trois soumissions à des entrepreneurs différents. Refusez de payer pour une soumission : ça fait partie de leur travail. Vérifiez les références d'anciens clients, recommande Marjolaine Veillette, porte-parole de la Régie du bâtiement du Québec.

* Faites préciser sur le contrat la date (et l'année!) du début et de la fin des travaux.

* Vérifiez si la compagnie existe, en consultant le site web du Registraire des entreprises du Québec (https://ssl.req.gouv.qc.ca) ou le répertoire des corporations du Canada (https://strategis.ic.gc.ca).

Pour certains types de rénovations (peinture, réfection mineure de la toiture), on voit souvent des entrepreneurs qui affichent seulement un numéro de téléphone cellulaire. Ils viennent soumissionner à domicile. Ils ne laissent aucune trace. Ils peuvent disparaître quand bon leur semble.

* Consultez le profil du commerçant de l'Office de la protection du consommateur, pour connaître le nombre et la nature des plaintes dont l'entreprise a déjà fait l'objet (www.opc.gouv.qc.ca).

* Consultez le site Internet de la Régie (www.rbq.gouv.qc.ca) pour si les travaux exécutés nécessitent une licence.

Pour certains travaux d'aménagement ou de décoration (ex : planter des fleurs, installer une clôture ou une tonnelle) ce n'est pas nécessaire. Mais dès que les travaux sont plus importants, dès qu'ils touchent la maison (ex : un patio avec un toit qui se rattache à la maison), il en faut une.

Toutes les entreprises qui font du publipostage doivent afficher leur numéro de licence RBQ sur leur publicité. Mais rien n'empêche un entrepreneur malhonnête d'inscrire un faux numéro. Ça ne coûte rien de vérifier...

* Que se passe-t-il si un client réalise après coup qu'il a fait affaires avec un entrepreneur qui ne détient pas de licence? «Il n'y a aucune conséquence pour le client», assure Mme Veillette.

La Régie n'exigera pas qu'il refasse ses travaux. Par contre, elle peut demander à l'entrepreneur de corriger, à ses frais, des travaux qui ne seraient pas conformes.

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