Lorsque Edgar Bronfman fils a fait l'acquisition de Warner Music Group, il y a trois ans, il a fait le pari que les ventes de musique numérique allaient stimuler la croissance de la compagnie. Son pari n'a pas encore rapporté.

Lorsque Edgar Bronfman fils a fait l'acquisition de Warner Music Group, il y a trois ans, il a fait le pari que les ventes de musique numérique allaient stimuler la croissance de la compagnie. Son pari n'a pas encore rapporté.

Warner Music, quatrième compagnie mondiale de disques, a fait savoir jeudi que son bénéfice net avait plongé de 74 % au premier trimestre en raison notamment d'une baisse de 11 % des revenus, les ventes de disques ayant été décevantes.

Les revenus empochés au cours de l'exercice 2006 ont peu évolué par rapport à ceux de 2005, à 3,52 milliards US, a précisé la compagnie new-yorkaise.

Un recul

Ces résultats ont entraîné un recul de 5,8 % du titre de la compagnie et ont fait craindre au marché que M. Bronfman, qui a dilapidé une grande partie de sa fortune familiale dans Seagram Co. lors de la vente à Vivendi SA, ne réagisse pas assez vite pour contrer la baisse des ventes.

Les nouveaux albums de Josh Groban et de My Chemical Romance n'ont pas réussi à reproduire les succès remportés l'année précédente, et les ventes sur Internet ont baissé pour le quatrième trimestre de suite.

«Wall Street est impatient», souligne Bishop Cheen, analyste du marché obligataire chez Wachovia Securities, à Charlotte, en Caroline du Nord.

M. Bronfman a beaucoup de choses à prouver. Lorsqu'il était à la tête de Seagram, il a transformé le fournisseur canadien de spiritueux en la plus importante compagnie de musique au monde pour la vendre ensuite à ce qui est devenu Vivendi.

La vente réalisée en 2000 a fourni à Seagram une participation dans Vivendi, qui a fondu en moins de deux ans, passant de plus de 3 milliards US à 900 millions US au milieu de 2002.

M. Bronfman a quitté Vivendi, dont il fut l'un des administrateurs, pour prendre la tête d'un groupe de firmes de capital-risque privé pour réaliser l'acquisition, au prix de 2,6 milliards US, de Warner Music, de Time Warner, première compagnie de médias au monde.

«Nous gérons nos affaires pour l'exercice entier », et non pas pour un seul trimestre, a dit jeudi M. Bronfman lors d'une conférence téléphonique avec des analystes. Il citait alors le caractère imprévisible du lancement de nouveaux albums. M. Bronfman a refusé d'émettre des commentaires dans le cadre de ce reportage, a indiqué son porte-parole Will Tanous.

Vendredi, le titre de Warner Music a perdu 12 cents à 20,15 $ US à New York.

L'action a chuté de 32 % depuis juillet dernier, lorsque Warner Music et la compagnie de musique EMI Group ont renoncé à des offres séparées pour s'acquérir mutuellement de peur que cette transaction ne reçoive pas l'aval des autorités réglementaires en Europe.

Forte dette

Warner Music traîne une dette d'environ 2 milliards US. Jeudi, le prix de l'obligation de 7,375 % de la compagnie s'est haussée de 1,4 cent US au dollar à 99,25 cents US, pour un taux de rendement de 7,51 %, selon Trace, le système de suivi des obligations.

Les initiatives de M. Bronfman ont tout de même été rentables pour ses partenaires du milieu du capital-risque privé et pour ceux qui ont investi dans le titre de la compagnie lors du placement initial des actions, en mai 2005. Depuis, l'action s'est appréciée de 19 % par rapport au prix original de 17 $US.

À l'occasion du placement initial, Thomas H. Lee Partners, Bain Capital, Providence Equity Partners et M. Bronfman avaient recueilli 554,2 millions US.

Les firmes de capital-risque possèdent environ 62 % des actions et M. Bronfman en détient environ 9,5 %. «Nous avons tous intérêt à faire prospérer Warner», avait dit M. Bronfman lors d'une entrevue téléphonique en 2003 après avoir annoncé l'acquisition de Warner Music.

Au cours du trimestre terminé le 31 décembre dernier, les ventes de musique numérique de Warner ont baissé à 100 millions US comparativement à 104 millions US au trimestre précédent.

«Ce qui ressort, c'est que la croissance des ventes de musique numérique a été à la baisse au cours de la période des Fêtes», observe Jamie Rizzo, un analyste du marché obligataire de Fitch Ratings.

Des analystes tels que Richard Greenfield, de Pali Capital, et Eric Handler, de Lehman Brothers, à New York, disent être préoccupés par la baisse des ventes de musique numérique.

M. Greenfield conseille maintenant de vendre le titre de Warner Music parce que les ventes de CD baissent plus vite que prévu.