Les offres de rachat et la consolidation feront les manchettes du secteur des fiducies de revenu en 2007, année où cette industrie tentera de s'adapter à la nouvelle réalité qui prévoit que ses fonds seront imposés d'ici quatre ans, au même titre que les autres entreprises.

Les offres de rachat et la consolidation feront les manchettes du secteur des fiducies de revenu en 2007, année où cette industrie tentera de s'adapter à la nouvelle réalité qui prévoit que ses fonds seront imposés d'ici quatre ans, au même titre que les autres entreprises.

La révocation de cette exemption d'impôt a été annoncée à l'Halloween par le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, avec l'intention avouée d'ainsi récupérer plusieurs milliards de dollars d'impôts qui échappaient à Ottawa depuis plusieurs années.

Aujourd'hui, les analystes se demandent combien de fiducies de revenu existeront toujours à la fin de l'année prochaine.

Chose certaine, estime le président de l'Association canadienne des fonds de revenu, George Kesteven, elles seront moins nombreuses que les 256 dénombrées en ce moment.

«Cette infrastructure d'actifs (...) s'est en quelque sorte volatilisée au cours des six ou sept dernières semaines», affirme George Kesteven, qui s'inquiète des conséquences que pourrait avoir le rachat potentiel de plusieurs de ces fonds par des intérêts américains.

Déjà, des entreprises privées de capital de risque se sont manifestées pour faire valoir leur intérêt pour des fiducies de revenu qu'elles jugent sous-évaluées ou en difficulté.

L'Américaine Harbinger Capital Partners a déposé le 19 décembre une offre d'achat hostile de 831 millions $ pour Calpine Power Income Trust.

«Nous savons apprécier leur capital, mais maintenant, l'esprit et les équipes de gestion de ces entités et de leurs actifs vont essentiellement être transférés à l'extérieur du pays, note M. Kesteven. Je serais surpris que cette conséquence corresponde à ce que le ministre Flaherty avait en tête.»

L'industrie des fiducies de revenu estime qu'Ottawa n'a pas étudié suffisamment les conséquences de sa décision.

D'après les principes directeurs dévoilés le 15 décembre, le gouvernement permettra à certaines fiducies de doubler leur taille sans abandonner leur statut de non-imposition et de fusionner sans pénalité, mais cela pourrait être insuffisant pour permettre à certaines d'entre elles d'accéder au capital de croissance dont elles ont besoin.

D'après une enquête de la firme de comptabilité et de consultants Deloitte, plus de la moitié des dirigeants interrogés à la suite de l'annonce du ministre Flaherty croient qu'il restera moins de 50 fiducies de revenu d'ici 2011.

Les fiducies de revenu font des distributions d'argent régulières à leurs détenteurs d'unités, tout en leur transférant le fardeau des impôts. Ces fonds ont été immensément populaires auprès de plusieurs investisseurs parce que leurs distributions sont souvent supérieures et plus régulières que les dividendes payés par les entreprises.

Malgré l'annonce du ministre Flaherty, les fiducies de revenu refusent la défaite.

Des «campagnes éducatives» seront lancées au début de la nouvelle année pour tenter de convaincre les Canadiens que la décision du gouvernement n'est pas la bonne.

Ces campagnes se concentreront sur le statut minoritaire du gouvernement Harper et tenteront d'en faire un enjeu électoral.

Les fiducies de revenu existent depuis 1984.

Elles ont d'abord été lancées pour répondre aux besoins des compagnies du secteur énergétique, qui voulaient vendre leurs puits dont la production stagnait, à des entreprises qui s'intéressaient davantage à en extraire un maximum de pétrole et de gaz naturel.

Mais l'explosion de la popularité de ces fonds comme véhicule d'investissement est relativement récente. Le volume des fiducies atteignait 20 G$ sur les marchés de capitaux en 2000. Ce volume était de 200 G$ lors de l'annonce du 31 octobre dernier.

Les projets de conversion en fiducies de revenu de compagnies comme Telus, BCE et EnCana auraient fait passer cette valeur à 300 G$.

La plus grande vague de concentration en 2007 devrait avoir lieu dans le secteur pétrolier, où les fiducies d'énergie forment un important maillon de la chaîne alimentaire entre les petites sociétés d'exploration et les gros joueurs, qui se concentrent davantage sur le développement des ressources, ce qui demande souvent plusieurs milliards de dollars en capital.

Même si les fiducies de revenu du secteur énergétique se complètent souvent, elles exigent une croissance constante pour compenser le déclin de leurs réserves. Six des dix plus importantes fiducies de revenu à la Bourse de Toronto sont des fonds du pétrole et du gaz naturel basés à Calgary.

Chacune d'elles a encaissé d'importantes pertes au lendemain de l'annonce d'Ottawa que certains investisseurs ont déjà surnommé «le massacre de l'Halloween».