Bombardier, la multinationale des transports, continue de faire jaser.

Bombardier, la multinationale des transports, continue de faire jaser.

La semaine dernière, pendant qu'elle décrochait un lucratif contrat en France (3,4 milliards $US), pour la construction de wagons de train, elle annonçait en même temps le licenciement de travailleurs dans ses usines d'assemblage d'avions au Québec.

Deux nouvelles qui illustrent bien l'ambivalence des analystes financiers envers le titre de la société québécoise. "C'est chaud ou froid", indique le gestionnaire Luc Fournier de l'Industrielle-Alliance.

Il faut dire que depuis quelques mois, le titre de Bombardier joue au yo-yo à la Bourse de Toronto. À la fin du mois de mars, l'annonce du retour à la rentabilité par la direction de la société avait fait bondir le prix de l'action de 2,70 $ à plus de 4 $. Mardi, le titre de Bombardier a terminé la journée en hausse de 16 ¢, à 3,89 $.

D'autant que l'annonce récente du contrat de Paris semble avoir redonné des ailes à la société de transport, elle qui doit renégocier ces temps-ci des ententes de paiement de sa dette maintenant estimée à près de 5 milliards $US.

L'an dernier, le fabricant d'avions et de trains avait surpris bien des observateurs, en déposant un bilan positif de 11 ¢US par action, comparativement à une perte de 6 ¢US l'année précédente.

Cette année, au rythme où évoluent les choses, Bombardier pourrait dégager un profit net de 14 ¢US par action avec des revenus totalisant 15 milliards $. L'an prochain, on parle de 21 ¢US par action.

Mais est-ce assez pour recommander l'achat du titre ? "Oui", répond l'analyste Jacques Kavafian de la firme Research Capital.

Selon ce dernier, le carnet de commande global - - 24,8 milliards $US - de Bombardier et le rendement de sa division Train - 45 % des revenus totaux laissent entrevoir des jours meilleurs.

Research Capital vient d'ailleurs de hausser sa recommandation sur le titre de "conserver" à "achat" avec un prix-cible de 4,50 $ d'ici 12 mois.

"Vraiment ?" se demande pour sa part Luc Fournier pour qui le titre de Bombardier n'est toujours pas séduisant. "On a beaucoup de misère à voir où s'en va la compagnie. La compétition est féroce et les marges bénéficiaires sont peu reluisantes", fait-il remarquer.

Alors, surévalué le titre de Bombardier ? Chose certaine, la performance boursière des dernières semaines a permis au titre de la société de s'échanger sur les marchés à un multiple de 28 fois les profits de l'exercice en cours et de 19 fois ceux de l'année prochaine.

Des ratios loin de la moyenne de l'industrie alors que le multiple est ces temps-ci de 18 fois les profits de l'exercice en cours et de 15 fois ceux de l'an prochain.

Pour l'analyste Claude Proulx, de BMO Nesbitt Burns, les prévisions de Bombardier sont trop optimistes. Selon lui, il est temps de vendre.

Car si la division ferroviaire enregistre une belle progression, les derniers contrats remportés auront peu d'impact sur les marges bénéficiaires de l'entreprise.

L'analyste Craig Fraser, de la firme Fitch Ratings, juge l'endettement de Bombardier problématique si elle avait besoin à court terme de liquidités. Il cite le développement de nouveaux appareils ou la contre-performance d'une division comme exemples.

Fadi Chamoun de UBS Investments note de son côté que les marges bénéficiaires de la division Aéronautique s'améliorent tranquillement alors que 337 avions devraient sortir des usines de Bombardier cette année.

Et si Bombardier se lançait dans la production d'une nouvelle famille d'avions ? Le défi serait de taille, poursuit l'analyste Chamoun, alors que la recherche de marges bénéficiaires significatives pour les actionnaires n'est pas du tout assurée en raison de la compétition grandissante dans ce marché (voire Embraer).

Le gestionnaire maintient toutefois sa position à "neutre" sur le titre avec un prix-cible de 4 $. Il anticipe des profits nets par action cette année de 13 ¢US et de 21¢US l'an prochain.