Depuis la crise du crédit, avouer que l'on possède du «PCAA» est un peu comme annoncer à ses proches que l'on est atteint d'une maladie honteuse. C'est pourtant ce qu'a fait le géant du papier Domtar, en annonçant que ses caisses de retraite sont touchées par le fameux «papier commercial adossé à des actifs».

Depuis la crise du crédit, avouer que l'on possède du «PCAA» est un peu comme annoncer à ses proches que l'on est atteint d'une maladie honteuse. C'est pourtant ce qu'a fait le géant du papier Domtar, en annonçant que ses caisses de retraite sont touchées par le fameux «papier commercial adossé à des actifs».

Après Transat, Air Canada et la SGF, Domtar a publié un communiqué vendredi où figurent les fameuses quatre lettres PCAA. Cette fois, ce n'est pas ses liquidités que l'entreprise a investies dans ces placements aujourd'hui impossibles à monnayer, mais une partie de la caisse de retraite de ses employés.

Des 1,6 milliard d'actif des caisses de retraite de Domtar Corporation, 420 millions ont été placés dans du PCAA non bancaire, donc structuré par des tiers comme Coventree -le type qui cause aujourd'hui problème.

De ce montant, environ 308 millions concernent les caisses de retraite canadiens de Domtar inc. (l'entité canadienne de Domtar Corporation depuis sa fusion avec la division des papiers fins de Weyerhaeuser).

«Nous agissons de façon responsable en divulguant une information qui peut avoir un effet et que nous sommes tenus de divulguer», a expliqué Michel Rathier, vice-président, communications, chez Domtar, soulignant que l'entreprise est soumise à des règles de divulgation plus sévères depuis sa fusion avec une américaine.

On semble toutefois plus zen chez Domtar que chez Transat, où le président, Jean-Marc Eustache, s'était dit «d'humeur à récupérer son cash» en voyant ses liquidités gelées après les avoir investies dans des fonds de la Banque Nationale.

«Domtar Corporation ne s'attend pas à ce que les enjeux de liquidités affectent ses caisses de retraite, puisque ces obligations sont principalement à long terme», affirme l'entreprise dans son communiqué. Domtar attend les résultats de la «proposition de Montréal», qui vise à restructurer le PCAA non bancaire, pour savoir comment elle sera affectée.

Reste que l'entreprise a déjà un plan d'urgence. Advenant des pertes découlant du PCAA, les prestations de retraite ne seront pas affectées, mais on pourrait instaurer une hausse des contributions échelonnée sur cinq ans.

«Ces pertes, le cas échéant, auraient également un impact sur le bénéfice d'exploitation, mais cet impact serait étalé sur une période plus longue», précise l'entreprise.

Les autres grandes caisses de retraite québécoises jointes hier par La Presse Affaires ont affirmé avoir peu ou pas de PCAA non bancaire. C'est le cas des caisses de retraite d'Hydro-Québec, de Bombardier, d'Alcan, de la Société de transport de Montréal, de l'Université de Montréal et d'Abitibi-Consolidated.

Quant à la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui gère les actifs de plusieurs régimes de retraite publics québécois, elle affirme que sa reddition de comptes ne se fait pas par type de véhicule de placements, et qu'il est donc impossible de savoir la portion des actifs investis dans le PCAA.