L'union des Bourses de Montréal et de Toronto serait incontournable, si le Canada veut garder sa place sur la mappemonde boursière.

L'union des Bourses de Montréal et de Toronto serait incontournable, si le Canada veut garder sa place sur la mappemonde boursière.

Et c'est l'un des plus gros investisseurs sur le continent, le financier torontois Thomas Caldwell, qui le dit haut et fort

«Cette mentalité de concurrence boursière entre Montréal et Toronto est dépassée. Ce qui compte maintenant, c'est la Bourse canadienne face au reste du monde», insiste le président de Caldwell Financial, qui gère plusieurs dizaines de millions de dollars en actions cotées à New York, Hong Kong, Montréal et Toronto.

«Si on ne regroupe pas bientôt au Canada une Bourse d'actions (Toronto) et de dérivés (Montréal) dans une même organisation, ce sont leurs concurrentes étrangères, de New York ou de Chicago notamment, qui finiront par s'en partager les morceaux.»

En entretien avec La Presse Affaires, Thomas Caldwell affirme qu'il est de la «responsabilité» des dirigeants des Bourses de Montréal et de Toronto d'enjamber les «obstacles personnels, politiques ou autres» qui bloquent leur union.

«Chacune de ces Bourses a démontré de bonnes compétences dans leur marché respectif, ces dernières années. Même Montréal, dans les dérivés, s'est acquis une bonne réputation, souligne M. Caldwell.

«Mais ça ne suffit plus dans le contexte mondial. Même les plus grosses Bourses regroupent des marchés d'actions et de produits dérivés pour attirer les investisseurs.»

En exemple, Thomas Caldwell mentionne l'Australie, où le regroupement des Bourses d'actions et de produits dérivés lui a permis de se garder une place face à de gros voisins asiatiques: le Bourses de Hong Kong, de Tokyo et de Singapour, notamment.

Mais au Canada, l'exemple de l'Australie a aussi été cité par d'autres intervenants de Bay Street, dont les dirigeants du Groupe TSX, qui gère la Bourse de Toronto.

Et dans le milieu financier montréalais, ça résonne souvent comme une autre ambition torontoise de tout centraliser en matière boursière, une fois pour toutes!

«Le marché boursier canadien est trop petit au niveau mondial pour qu'on se chamaille encore comme ça. Il faut aller au-delà des intérêts personnels ou régionaux à court terme», rétorque M. Caldwell, qui a d'ailleurs fait à Montréal ses études universitaires et ses débuts professionnels, il y a 40 ans.

Il estime que l'union boursière entre Montréal et Toronto peut se réaliser sans chambardement géographique de leurs effectifs.

Le plus important, pour continuer d'attirer des clients investisseurs, c'est d'obtenir la meilleure complémentarité possible des marchés d'actions et de dérivés.

«D'ailleurs, de la façon dont la Bourse de Montréal a progressé dans les dérivés, ses dirigeants seraient assurés d'une position de grande influence à la direction d'une société boursière regroupée», croit Thomas Caldwell.

«Mais pour le moment, avant que ça bouge, c'est à croire qu'il faudrait embarrer ensemble les dirigeants des deux Bourses jusqu'à ce qu'ils parviennent à une entente!»

Thomas Caldwell déplore aussi les récents gestes d'apparence conflictuelle entre les deux Bourses. Et ce, à 18 mois de la fin de leur entente de non-concurrence, au printemps 2009.

Par exemple, la Bourse de Toronto vient de faire un croc-en-jambe à la Bourse de Montréal en s'appropriant l'exclusivité des futurs produits dérivés basés sur des indices de marché, comme le S&P/TSX.

Pour leur part, les dirigeants de la Bourse de Montréal continuent de bafouer les suggestions de regroupement de la part d'intervenants influents sur Bay Street.

Parmi eux, de gros gestionnaires de portefeuilles qui, encore récemment, ont décidé de coordonner leurs efforts afin de favoriser un regroupement des deux Bourses.

«Oui, j'ai été invité à ces discussions. C'est un sujet qui préoccupe de plus en plus dans le milieu boursier», selon Thomas Caldwell.