Les autorités pharmaceutiques américaines accélèrent leur examen du produit candidat vedette de Neurochem (T.NRM) contre l'Alzheimer, l'Alzhemed, ce qui fait bondir le titre de l'entreprise mais qui laisse des analystes sceptiques. L'un deux prédit même un échec.

Les autorités pharmaceutiques américaines accélèrent leur examen du produit candidat vedette de Neurochem [[|ticker sym='T.NRM'|]] contre l'Alzheimer, l'Alzhemed, ce qui fait bondir le titre de l'entreprise mais qui laisse des analystes sceptiques. L'un deux prédit même un échec.

La compagnie montréalaise annonce que l'Alzhemed a été admis au programme de procédures accélérées (fast track) de la FDA, qui vise à faciliter le développement de médicaments contre des maladies graves et incurables.

Selon les critères officiels de la FDA, les produits admissibles à ce programme démontrent du potentiel pour traiter ce genre de maladies.

Mais des analystes estiment que le traitement spécial accordé n'augmente pas les chances d'une approbation de la FDA en bout de ligne.

«Ça ne change rien aux données que Neurochem devra fournir pour obtenir un feu vert, dit l'analyste Nigel de Gruyther, de la firme Loewen, Ondaatje, McCutcheon. La seule chose que ça veut dire, c'est que le dossier de Neurochem se retrouve au haut de la pile de dossiers de la FDA.»

«Les nouvelles d'aujourd'hui ne doivent pas être interprétées comme une façon pour la FDA d'endosser quelque aspect que ce soit des essais cliniques de phase III de Neurochem», renchérit l'analyste David Dean, de Cormark Securities.

De nombreux produits candidats sont admis à une procédure accélérée simplement parce qu'ils répondent à des besoins médicaux non comblés, selon les deux experts, qui ne jugent pas la décision de la FDA significative.

David Dean se montre même pessimiste sur le sort de l'Alzhemed, quelques semaines après que Neurochem eut admis son échec à établir du premier coup un modèle statistique de résultats fiable pour ses études en cours de phase III.

«Depuis longtemps, nous nous inquiétons du degré d'efficacité de ce médicament», rappelle-t-il dans une note transmise à ses clients ce matin. Il croit que les procédures, même accélérées, aboutiront à un refus.

La FDA prend en moyenne une dizaine de mois après une demande d'approbation pour rendre une décision finale sur un produit, et un traitement prioritaire devance d'environ deux mois cette échéance.

Neurochem n'a pas encore soumis de demande d'approbation et les analystes ne se risquent pas à prévoir une date pour la décision finale.

La procédure accélérée donne aussi droit à des rencontres avec la FDA et à des conseils de cette dernière. Une telle rencontre est prévue pour le mois d'août.

Conserver ou vendre

M. deGruyther maintient sa recommandation de conserver le titre de Neurochem.

L'analyste travaille depuis quelque temps à réviser son cours cible pour l'action, sujette à de fortes variations depuis plusieurs mois. Mais il croit qu'on ne peut pas s'attendre à une évolution durable d'ici la sortie des résultats cliniques de phase III (la dernière avant la commercialisation) en cours sur l'Alzhemed en Amérique du Nord.

Neurochem, qui a reporté ces résultats le mois dernier en raison des problèmes statistiques, prévoit les divulguer d'ici la fin de 2007.

David Dean conseille aux actionnaires de réduire leurs positions et fixe son cours cible aussi bas que 3 $. Le titre a grimpé de plus de 7% à 6,58 $ à la Bourse de Toronto durant l'avant-midi. En début d'après-midi, il maintenait une hausse d'un peu plus de 4 %.

Les investisseurs rêvent de voir l'entreprise rééditer contre l'Alzheimer l'exploit accompli par l'ancienne Biochem Pharma contre le sida avec la découverte de la trithérapie. Les deux compagnies ont pour fondateur Francesco Bellini. Mais peu de médicaments sont arrivés à franchir la barrière du cerveau jusqu'ici.

L'encouragement de la FDA survient une semaine après une rebuffade au sujet d'un autre produit: le 17 juillet, l'organisme américain avait exigé un complément d'information sur le médicament candidat Kiacta de Neurochem, destiné au traitement de l'amylose amyloide, maladie s'attaquant aux reins.

L'action avait clôturé en baisse de près de 11 % après cette annonce, faite tout juste avant la fermeture des marchés.