En ces temps difficiles pour les grands quotidiens, l'achat de l'éditeur de journaux communautaires Osprey Media diversifie judicieusement les actifs de Quebecor (T.QBR.B).

En ces temps difficiles pour les grands quotidiens, l'achat de l'éditeur de journaux communautaires Osprey Media diversifie judicieusement les actifs de Quebecor [[|ticker sym='T.QBR.B'|]].

C'est du moins ce que soutient Carl Bayard, analyste chez Valeurs Desjardins, qui change son fusil d'épaule à la suite de la transaction annoncée jeudi soir dernier: il recommande non plus de conserver le titre mais de l'acheter.

«Souvenons-nous que les journaux communautaires sont normalement plus profitables que les quotidiens, et qu'ils possèdent une série d'avantages sur ces derniers», écrit M. Bayard.

Quebecor a annoncé la semaine dernière une offre de 355 M$ pour Osprey Media, de Toronto. La compagnie exploite 54 journaux locaux en Ontario, quotidiens ou non, en plus de publications spécialisées, dont des guides d'achat. Elle hisse son acheteur au deuxième rang canadien dans le secteur des journaux communautaires, derrière Torstar.

M. Bayard fait valoir que les publications locales ciblent plus précisément leur public, et que leurs revenus publicitaires sont plus stables étant donné les besoins constants des annonceurs de quartier.

Les ventes de publicité des journaux communautaires ont augmenté de 5 % au cours des cinq dernières années, comparativement à 0,7 % pour les grands quotidiens.

M. Bayard explique aussi en partie cette performance supérieure par une nette prédilection des annonceurs pour les feuillets publicitaires (flyers). Selon la firme de consultants en commerce de détail Kubas, la volonté des grands détaillants d'unifier leur message publicitaire amplifie cette tendance.

Enfin, ajoute l'analyste, l'intégration des journaux nouveaux venus dans la toute dernière mouture du site d'annonces classées de Quebecor (classifiedextra.ca ou vitevitevite.ca en français) augmentera leur attrait pour les annonceurs.

Carl Bayard calcule que l'acquisition pourrait permettre un rendement de 20 % au titre de Quebecor.

S'il s'agit toujours selon lui d'un investissement plus risqué que la moyenne, il croit que le jeu commence à en valoir la chandelle et conseille à ses clients d'acheter des actions.

Il ne va toutefois pas jusqu'à changer son cours cible, qui demeure fixé à 46 $. Le titre s'échangeait à 37,90 $ lundi après-midi.

Tous les analystes n'approuvent pas aussi franchement la transaction.

Chez Merrill Lynch, Glen Campbell craint que le créneau des journaux locaux ne les protège pas à long terme contre contre la vague numérique. «Nous voyons les journaux comme un marché difficile, dignes d'une faible évaluation (environ huit fois les profits)», indique-t-il.

«Les journaux communautaires n'ont habituellement pas de concurrents imprimés et leurs coûts sont moindres, convient-il. Mais ils font eux aussi face à une concurrence croissante de la publicité en ligne.»

L'analyste Tim Casey, de BMO Nesbitt Burns, se limite pour sa part à parler d'une transaction «potentiellement positive».

«Cette acquisition aide Quebecor Média à se diversifier en dehors du Québec, et Sun Media à se diversifier à l'extérieur du secteur des tabloïds, qui est menacé par les journaux gratuits», raisonne M. Casey.

Mais, nuance-t-il, la croissance du marché d'Osprey demeure lente et elle fait face à un concurrent féroce en Metroland, un autre éditeur ontarien de journaux communautaires.

Osprey Media a réalisé un chiffre d'affaires de 229 M$ l'an dernier, en hausse de 3 %, mais son profit d'exploitation a reculé de 4 % à 50,4 M$.

Et l'entreprise a affiché une perte nette de 113 M$ en 2006, contre un profit de 23,6 M$ l'année d'avant, en raison de frais spéciaux de dépréciation.

Chez Desjardins et BMO, on estime les synergies potientielles de la transaction à 10 M$.