Devant attendre à lundi pour que tous ses documents soit acceptés comme preuves à son procès pénal, Vincent Lacroix a profité de l'après-midi de jeudi pour tomber à bras raccourcis sur la Caisse de dépôt et placement du Québec et sur l'Autorité des marchés financiers.

Devant attendre à lundi pour que tous ses documents soit acceptés comme preuves à son procès pénal, Vincent Lacroix a profité de l'après-midi de jeudi pour tomber à bras raccourcis sur la Caisse de dépôt et placement du Québec et sur l'Autorité des marchés financiers.

M. Lacroix a allégué pendant son contre interrogatoire du témoin et juricomptable François Filion qu'en achetant Capital Teraxis de la Caisse de dépôt et placement du Québec au début de 2004, il a hérité d'un panier de crabes.

L'ancien PDG de Norbourg avance que l'«héritage de la Caisse», une expression qu'il a martelé pendant l'audience, lui a donné un trou comptable de 20 M$.

Selon lui, cinq fonds «Evolution Gestion d'actif» ou Perfolio avaient une valeur marchande de plus de 19 M$ chez le gardien de valeurs Trust Banque Nationale au 31 mars 2004.

Or, il allègue qu'un mois plus tard, selon les documents présentés en preuve, qu'un trou comptable de 20 M$ donnait un solde négatif de 1 M$.

M. Lacroix a profité de l'occasion pour rappeler que la transaction Teraxis a été approuvée par l'Autorité des marchés financiers, qui aurait mené une «inspection» chez Evolution. Il affirme donc que l'AMF a fait preuve de négligence.

La Caisse et l'AMF nient

La Caisse estime avoir agi de bonne foi et que Norbourg devait faire ses devoirs en achetant les fonds.

«Selon nos informations, dit la porte-parole Lucie Frenière, les états financiers de Teraxis étaient vérifiés et rien n'a été porté à notre attention sur l'existence d'irrégularités. Norbourg a acheté en toute connaissance de cause et les affirmations de M. Lacroix ne sont pas documentées. Nous rejetons cela carrément.»

«À titre d'acheteur, Norbourg était responsable de procéder aux vérifications d'usage», soutient la porte-parole.

De son côté, Frédéric Alberro, porte-parole de l'Autorité des marchés financiers, a rejeté les propos du revers de la main. «Vincent Lacroix fait toutes sortes d'allégations dans le but de faire diversion. Elles n'ont aucun lien, aucune pertinence avec les accusations portées contre lui et ne changent en rien la fraude commise envers les 9200 investisseurs.»

M. Alberro a toutefois refusé de commenter la possibilité qu'Evolution ait été sous enquête lors de son achat par Norbourg.

Vincent Lacroix a aussi pointé du doigt Michel Fragasso, cet ancien vice-président de Norbourg qui présidait les fonds communs de Capital Teraxis à l'époque.

M. Lacroix a pressé de questions le témoin François Filion quant aux rencontres qui ont pu avoir lieu avec M. Fragasso lors de l'enquête sur Norbourg. M. Filion a expliqué que ce qui intéressait les enquêteurs, c'était la possibilité de comprendre la transaction Norbourg-Teraxis et le rôle ensuite joué par M. Fragasso chez Norbourg.

Un contre interrogatoire décousu

Si Vincent Lacroix semblait avoir démarré son contre interrogatoire sur la connaissance de François Filion dans les fonds communs, l'après-midi a donné lieu à un scénario décousu.

L'ex-PDG de Norbourg passait du coq à l'âne en posant ses questions, multipliant les demandes de dépôt de documents.

Quand il a voulu déposer à la cour un document sur l'approbation par l'AMF de l'achat de Teraxis, le juge Claude Leblond l'a questionné. Le juriste ne voyait pas la pertinence du choix car il se défend avant tout contre les allégations de retraits irréguliers et de production de faux documents.

Et dans un moment de confusion, le juge Leblond a presque pris Vincent Lacroix pour un avocat. Après avoir averti François Filion qu'il ne devait pas continuer à défendre sa thèse mais bien répondre aux questions, le magistrat a indiqué «continuez, maître» à M. Lacroix.

Cela n'a pas manqué de provoquer quelques rires dans la salle...