Pour que le Canada stimule la productivité de ses entreprises, il doit commencer par abaisser ses barrières interprovinciales.

Pour que le Canada stimule la productivité de ses entreprises, il doit commencer par abaisser ses barrières interprovinciales.

Outre la non-reconnaissance des diplômes ou des cartes de compétences, les barrières interprovinciales portent aussi sur le commerce de certaines marchandises et sur une foule de particularités légales et réglementaires pourtant abolies dans les échanges commerciaux internationaux.

Cela a pour fâcheux inconvénient d'entraver la productivité des entreprises au moment où la mondialisation leur offre de belles occasions, mais leur pose aussi de grands défis.

Dans le premier des quatre volumes «Mission possible, Une performance canadienne étincelante dans l'économie mondialisée», le Conference Board du Canada propose une démarche pour stimuler la productivité qui met à contribution les trois ordres de gouvernements ainsi que les entreprises.

En seulement deux ans, le Canada est passé du troisième au 12e rang au chapitre de la productivité selon un barème établi par le Board.

Le Board salue l'accord récent d'investissement et d'échange entre l'Alberta et la Colombie-Britannique qui vise l'abolition des barrières à l'emploi dans 62 professions et métiers d'ici trois ans.

«On commence à faire des progrès, affirme en entrevue Glen Hodgson, son vice-président et économiste en chef. Toutes ces barrières limitent la capacité de construire de grandes entreprises et de réaliser des économies.»

L'organisme indépendant ne joue pas les pères fouettards à la Lucien Bouchard. «Nous n'avons pas, en aucune façon, besoin de travailler davantage. Nous sommes un pays de dur labeur. Dans une économie du savoir, nous devons travailler mieux», lit-on dans le rapport de 130 pages.

Cela suppose la concertation des acteurs pour favoriser l'innovation. Ça tombe pile, nous serions cinquièmes au monde à ce chapitre, derrière la Finlande, la Suède, les États-Unis et l'Islande.

Mais nous avons aussi nos lacunes. «Nos entreprises traînent la patte dans l'investissement en recherche et dans la commercialisation de nos innovations et de nos idées, lit-on également. En outre, nous investissons beaucoup moins que nos concurrents dans nos universités.»

Voilà pourquoi, parallèlement à la création d'un marché canadien unique, le Board propose que le Canada se dote de toute urgence d'une stratégie de la productivité, capable de soutenir la prospérité. Ce n'est pas la seule responsabilité du gouvernement fédéral de la définir et de l'appliquer.

«L'atteinte de résultats optimaux requiert l'engagement de tous les gouvernements de même que la pleine participation et l'appui du secteur privé.»

Le Board insiste aussi sur l'harmonisation et l'efficacité des mesures de sauvegarde de l'environnement, l'intégration des immigrants pour palier en partie au déficit démographique, l'ouverture du champ de taxation des revenus, des biens et des services aux municipalités pour qu'elles soient en mesure de remplir leur rôle de pôle de richesse.

Sur le plan de la politique extérieure, le Board propose aussi de faciliter aux entreprises l'investissement à l'étranger, car le tiers du commerce international est désormais fait d'échanges interentreprises pour réduire les coûts de production.

Enfin, l'organisme constate que l'Accord de libre-échange nord-américain a donné ses meilleurs fruits. Tout en gardant un oeil bienveillant sur notre commerce avec les États-Unis, le Canada devra se servir de l'autre pour stimuler le négoce avec les grands pays émergents que sont le Brésil, la Chine, l'Inde et la Russie.