Peu de gens avaient entendu parler du micro-crédit avant que son principal promoteur Muhammad Yunus reçoive cette année le prix Nobel de la Paix pour ses efforts visant à sortir de la pauvreté des millions de gens grâce à cet outil.

Peu de gens avaient entendu parler du micro-crédit avant que son principal promoteur Muhammad Yunus reçoive cette année le prix Nobel de la Paix pour ses efforts visant à sortir de la pauvreté des millions de gens grâce à cet outil.

Mais comment marche cette technique financière qui a maintenant pignon sur rue, comme le prouve le Sommet du micro-crédit qui s'achève mercredi à Halifax (Canada) et a réuni plus de 2.000 spécialistes du secteur, Muhammad Yunus compris?

Il s'agit d'un prêt de montant très limité, accordé à une personne démunie de ressources et surtout de garanties collatérales, qui va l'utiliser pour créer une petite entreprise, souvent individuelle, qui peut être un étal de fruits et légumes ou une activité de ravaudage.

Le montant moyen des prêts est de 100 dollars, selon la Grameen Bank, fondée par Yunus en 1983 mais il peut varier de 2 dollars jusqu'à 1.000 dollars.

Muhammad Yunus identifie le micro-crédit comme le moyen de sortir de la pauvreté la portion de l'humanité qui vit avec moins d'un dollar par jour en leur donnant également un sentiment d'appartenance sociale.

Mais il reconnaît que ce n'est pas la solution miracle et qu'elle doit aussi s'accompagner d'une meilleure éducation et de soins de santé pour les plus pauvres.

Al-Jawhara Al-Wabili, présidente de l'Association saoudienne des Droits de l'Homme, dirige un programme de micro-crédit en Arabie Saoudite depuis six ans destiné uniquement aux femmes.

"Cela marche très bien. Beaucoup de femmes sont revenues pour obtenir de nouveaux prêts avec un montant moyen de 3.000 rials (environ 800 dollars)", souligne-t-elle.

Sa clientèle est passée de 30 à 300 femmes qui utilisent l'argent pour créer des petites échoppes de ventes de bonbons, boissons, oeufs ou de couture.

Grameen, qui veut dire "village" en bengali, réserve également l'essentiel de ses prêts aux femmes jugées plus aptes à gérer les finances familiales.

Lennart Bage, le président du Fonds des Nations Unies pour le développement agricole, reconnaît que ces entreprises sont à toute petite échelle mais souligne que "si on les multiplie par des centaines de millions de gens, on obtient un formidable mouvement économique par la base qui crée de meilleures conditions de vie".

Grameen Bank est aussi inhabituelle car elle est entièrement autonome alors que de nombreux autres organismes de micro-crédit reçoivent des dons des organisations caritatives ou officielles.

Selon Muhammad Yunus, près de 99% des emprunteurs de Grameen remboursent leurs prêts et la banque en a jusqu'à présent émis pour un montant total de 5,7 milliards de dollars.

Certains critiques attirent toutefois l'attention sur les taux de crédit que pratique Grameen qui atteignent parfois 20%. Mais la banque rappelle qu'elle prête à des gens qui n'ont aucune référence en terme de crédit, pratiquement pas d'économies, souvent analphabètes et dont aucune autre banque ne voudrait.

L'un des principaux obstacles au développement du micro-crédit est toutefois constitué par les régulations bancaires qui empêchent la création de telles organismes. "Cela peut sembler facile mais c'est un défi dans de nombreux pays", souligne Lennart Bage.

Face au succès rencontré, les esprits commencent toutefois à évoluer. "Les gouvernements dans les pays en développement doivent démontrer politiquement qu'ils sont attachés au développement de la micro-finance comme outil de lutte contre la pauvreté", a affirmé le Premier ministre pakistanais Shaukat Aziz au délégués réunis à Halifax dimanche, au premier jour du Sommet.

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