Soixante-huit milliards 992 M$ en Bourse. Devant la Banque Royale (T.RY)!

Soixante-huit milliards 992 M$ en Bourse. Devant la Banque Royale [[|ticker sym='T.RY'|]]!

Pour la première fois, Research In Motion [[|ticker sym='T.RIM'|]], la société ontarienne derrière les communicateurs personnels BlackBerry, a occupé la position de tête des capitalisations à la Bourse de Toronto.

C'est survenu brièvement en début de séance, mercredi, le temps d'échanger quelques courriels entre boursicoteurs!

La veille, mardi, Research In Motion avait annoncé un partenariat avec deux géants des télécoms, Lucent et Alcatel, pour l'implantation des BlackBerry en Chine, un marché au potentiel énorme.

Du coup, les investisseurs ont poussé les actions de RIM jusqu'à 123,40$ durant la première demi-heure de négoce, hier à la Bourse de Toronto.

À ce moment, la valeur boursière de RIM, gonflée à près de 69 milliards, a dépassé celle de la meneuse habituelle, la Banque Royale, qui cotait à 68,5 milliards.

Mais la rechute généralisée qui a suivi en Bourse, mercredi, a ramené RIM au second rang, par un écart très mince cependant.

Ses actions ont clôturé en baisse de 9 cents, à 120,31$, ce qui équivaut à une capitalisation boursière de 67,3 milliards, selon les données de la Bourse de Toronto.

Quant à la Banque Royale, ses actions ont terminé en baisse de 1,5%, à 52,90$, ce qui ramène sa valeur boursière à 67,5 milliards, à peine 200 millions devant RIM.

Pour le fabricant des BlackBerry, l'atteinte de la plus grosse capitalisation sur Bay Street, même brève, représente un moment symbolique.

En particulier pour ses deux principaux patrons et actionnaires, James Balsillie et Michael Lazaridis, dont la fortune combinée en actions de RIM frôle les 3 milliards.

La technologie des BlackBerry, faut-il rappeler, est issue d'un incubateur de PME greffé aux laboratoires d'informatique et d'ingénierie de l'Université de Waterloo, en Ontario.

RIM a encore son siège social dans cette ville à l'ouest de Toronto, de même que son principal centre d'exploitation de réseau et ses bureaux de recherche et développement (R&D).

De fait, l'appréciation boursière de RIM constitue une accolade à l'expansion des BlackBerry dans le marché des communications sans fil en Amérique et en Europe. Et bientôt, l'Asie et ses dizaines de millions d'adeptes du sans-fil.

RIM vient de franchir le seuil des 1,3 milliard US de revenus par trimestre, le double d'il y a un an. Son profit net trimestriel vient d'atteindre les 287 millions US, aussi doublé depuis un an.

Pour son exercice courant, qui se terminera en février 2008, RIM pourrait approcher 1,2 milliard US en bénéfice net, selon les prévisions d'analystes.

À la Bourse de Toronto, RIM est la première entreprise technologique à atteindre la pole position depuis l'épopée de Nortel, qui avait culminé en 2000.

L'action de Nortel, aussi, avait alors dépassé les 120$ l'unité.

Et on connaît son effondrement subséquent, avec l'éclatement de la «bulle techno» en Bourse et une série de sérieux problèmes comptables à la direction de Nortel.

S'agit-il d'un parallèle inquiétant pour les investisseurs chez RIM? D'autant que ses actions s'échangent ces temps-ci à un multiple élevé de 68 fois le bénéfice par action de l'entreprise.

«L'élan boursier de RIM demeure justifié», selon Pat McHugh, gestionnaire chez MFC Global Investment à Toronto.

«Et au contraire de Nortel en 2000, dont la technologie était trop compliquée du point de vue des investisseurs, RIM a une technologie que la plupart des gens comprennent et peuvent utiliser directement.»

Mais selon Gavin Graham, directeur des fonds Guardian, à Toronto, les investisseurs doivent être prudents.

«Le gain boursier de RIM m'apparaît difficilement soutenable à ce moment-ci, même s'il s'agit d'une très bonne entreprise.»

Pour sa part, Jim Suva, analyste en télécoms chez Citigroup Global Markets, à New York, estime que «l'appréciation boursière de RIM s'appuie sur de bons éléments fondamentaux de croissance».

Dans un avis à ses clients-investisseurs, M. Suva souligne que «RIM n'est encore qu'à 6% des parts de marché des communicateurs personnels sans fil en Amérique du Nord. Et à seulement 1% du marché mondial, qui croît encore de l'ordre de 60% par année».

En dépit de sa forte appréciation, Jim Suva recommande l'achat de l'action de RIM, qu'il entrevoit autour de 140$ d'ici un an.

C'est aussi la recommandation des deux tiers des analystes qui suivent RIM, selon l'agence financière Bloomberg.

Le prix cible moyen de l'action d'ici un an est toutefois plus modeste, autour de 122$.