Il y a au Québec un nombre incroyable de franchises dont les raisons sociales appartiennent à des intérêts étrangers.

Il y a au Québec un nombre incroyable de franchises dont les raisons sociales appartiennent à des intérêts étrangers.

À contrario, les franchises de propriété québécoise établies ailleurs sur le globe ne sont pas légion. Répare-Brise, une PME de Saint-Alphonse, près de Granby, fait partie de cette minorité.

L'entreprise montérégienne a ouvert une première franchise en Algérie, puis une seconde, en août dernier, au Maroc.

En fait, l'ouverture de ces deux franchises s'est faite par le biais de maîtres franchisés, c'est-à-dire par des gens qui ont reçu une concession territoriale et qui ont le pouvoir d'y ouvrir de nouvelles franchises.

Cette incursion en Afrique du Nord arrive à point nommé pour le président et fondateur de la PME, Yvan Lacroix, dont les visées sont internationales.

«n cherche à pénétrer le marché européen. Ouvrir des franchises en Algérie et au Maroc, c'est une belle façon d'y parvenir» dit-il.

Le bureau algérien, situé à Alger, connaît toutefois quelques ratés, reconnaît M. Lacroix. Mais la franchise marocaine à Casablanca est très prometteuse, ajoute-t-il.

«otre maître franchisé est très emballé. Des franchises devraient ouvrir d'ici un an à Tanger, Rabat, Agadir et Marrakech. Le Maroc est en train de changer; l'accès au crédit est maintenant répandu et le parc automobile grossit de jour en jour» explique l'homme d'affaires.

Répare-Brise se présente comme une PME spécialisée dans les soins pour autos. Chaque franchisé possède une unité mobile (et non un atelier fixe) qui, comme son nom l'indique, effectue la réparation de fissures et d'éclats sur les pare-brise.

À cela s'ajoutent des services allant du polissage des phares, au burinage de véhicules, en passant par l'application sur le pare-brise d'une couche de nano particules pour améliorer la visibilité.

Fondée en 2003 par M. Lacroix et sa conjointe, Sylvie Robidoux, l'entreprise compte déjà 26 franchisés aux quatre coins du Québec sous le nom Répare-Brise.

Pour le moment, la PME ne compte qu'une franchise en Ontario sous la raison sociale «Chip Doctors». En Afrique du Nord, l'entreprise est connue sous l'appellation Urgence Pare-Brise.

D'ici trois ans, Yvan Lacroix espère ajouter à son palmarès neuf nouvelles franchises au Québec et une trentaine au Canada.

L'Europe devrait suivre, mais le couple d'entrepreneurs québécois reprend actuellement son souffle. Ils travaillent, disent-ils, 80 heures par semaine et ont, chacun de leur côté, roulé entre 80 000 et 100 000 km par année depuis trois ans.

Dur, dur, d'évoluer dans le milieu de la franchise. Surtout au Québec, où le cadre légal est, pour ainsi dire, inexistant.

«On s'en tient au Code civil; il n'y a rien qui existe pour protéger quelqu'un qui achète une franchise. Et c'est malheureux parce que ça ouvre la porte aux abus. De telles lois existent en Alberta, à l'Île-du-Prince-Édouard, en Ontario et bientôt au Nouveau-Brunswick, mais pas au Québec. Et il ne semble pas y avoir de volonté politique pour en mettre en place», explique Luc Audet, avocat et chroniqueur dans le magazine Québec Franchise.

Près du tiers des activités du bureau de Me Audet ont trait aux franchises. Dans la Belle Province, le marché du pare-brise représente environ 400 millions de dollars, selon Yvan Lacroix.

«Notre chiffre d'affaires est de 4 millions; nous n'occupons qu'environ 1% du marché québécois. Nous misons sur le service à la clientèle. Les gens vont nous découvrir et voir à quel point nous sommes différents», dit-il.

L'homme d'affaires est conscient qu'il se frotte à de très gros joueurs, dont Lebeau, Duro, et autres Vitro Plus.

«Ce sont mes concurrents oui et non. Plus souvent qu'autrement, ces entreprises préfèrent changer le pare-brise au complet au lieu d'essayer de le réparer. C'est plus payant pour eux. Entre une réparation qui coûte 60$ et un changement complet qui coûte 300-400$, le choix est simple», dit Yvan Lacroix.

D'ailleurs, le président de Répare-Brise est persuadé que les gens seront de moins en moins intéressés à faire remplacer leur pare-brise.

Pour la simple et bonne raison que les compagnies d'assurances vont vraisemblablement cesser de les couvrir.

«Dans 26 États américains, les pare-brise ne sont plus couverts par les assurances», dit l'entrepreneur québécois.

Parlant des États-Unis, Yvan Lacroix, ne semble pas intéressé à y brasser des affaires à court terme.

Autrefois ébéniste et mécanicien, Yvan Lacroix a dû cesser toute activité après avoir subi deux interventions chirurgicales au dos.

«Après ma première opération, dit-il, mon médecin m'avait dit de changer de boulot. Après ma deuxième opération, il m'a dit, ça se pourrait que tu retrouves en fauteuil roulant si tu ne m'écoutes pas.»

Aujourd'hui, Yvan Lacroix peut à la fois bénir les dieux d'avoir écouté son médecin et de s'être ensuite lancé dans la réparation de pare-brise parce qu'il n'était pas satisfait du travail effectué sur sa jolie Volvo 1800 Es 1973.