Une firme de services informatiques concurrente de la québécoise CGI (T.GIBA) demande au nouveau Commissariat à l'intégrité du secteur public d'enquêter sur de présumées irrégularités dans l'octroi d'un contrat d'une valeur de 400 M$ en sept ans.

Une firme de services informatiques concurrente de la québécoise CGI [[|ticker sym='T.GIBA'|]] demande au nouveau Commissariat à l'intégrité du secteur public d'enquêter sur de présumées irrégularités dans l'octroi d'un contrat d'une valeur de 400 M$ en sept ans.

TPG Technology Consulting soutient qu'elle aurait dû remporter l'appel d'offres du fédéral parce qu'elle satisfaisait aux exigences techniques et que son prix était le plus bas.

Elle dit toutefois avoir appris que le mandat serait plutôt confié à CGI. Le Conseil du Trésor doit normalement approuver le contrat le 19 avril, soit jeudi de cette semaine.

Selon le président de TPG, Donald Powell, des fonctionnaires et même le ministre des Travaux publics Michael Fortier pourraient avoir volontairement favorisé CGI. Le président de TPG va jusqu'à dire que le processus d'attribution du contrat a été «malhonnête» et «potentiellement illégal».

M. Powell a entre autres souligné qu'un employé du ministère, Jirka Danek, est actionnaire de contrôle d'une entreprise qui bénéficierait grandement de l'octroi du contrat fédéral à CGI plutôt qu'à TPG.

D'après l'homme d'affaires, le ministre Fortier aurait lui aussi des raisons de privilégier CGI, une entreprise avec laquelle il a déjà entretenu des liens commerciaux du temps où il était à la banque Crédit Suisse First Boston.

M. Powell n'a pas fait d'allégations précises, mais il soutient que le processus d'appel d'offres a été entaché de suffisamment d'irrégularités et de soupçons de conflits d'intérêt pour justifier une enquête.

«Il ne s'agit pas uniquement d'un contrat dont on nous a privés injustement. Il s'agit de la responsabilité du gouvernement et de gaspillage de l'argent des contribuables», a-t-il insisté lors d'un point de presse à Ottawa.

Comme le ministre Michael Fortier ne siège pas à la Chambre des Communes, il n'a pas pu répondre lui-même aux questions de l'opposition libérale sur l'affaire.

Son secrétaire parlementaire, James Moore, a cependant assuré en Chambre que le sénateur n'avait pas participé directement à l'attribution de ce contrat ou de tout autre contrat.

Répercussions locales

TPG est actuellement responsable des services visés par le contrat qui doit être annoncé cette semaine. Ce mandat du fédéral fait travailler 200 de ses 300 employés.

M. Powell a indiqué qu'Ottawa fournissait à l'entreprise environ 80 % de ses revenus et que la perte du contrat de ce contrat aurait des conséquences désastreuses pour son entreprise et pour la communauté.

Pour sa part, CGI rappelle qu'elle est installée à Ottawa depuis 1981 et qu'elle a obtenu au fil des ans de nombreux contrats d'importance du gouvernement fédéral.

La société dit avoir suivi le processus d'approvisionnement à la lettre. «C'est une dispute entre TPG et les travaux publics. On ne veut pas s'en mêler», a déclaré le porte-parole Philippe Beauregard.

En plus de réclamer une enquête, le pdg de TPG souhaite que son entreprise obtienne la protection du commissariat ü rebaptisé lundi Intégrité du secteur public Canada - contre d'éventuelles représailles.

Au commissariat, le directeur exécutif Pierre Martel a refusé de discuter des détails de ce dossier ou même de dire s'il avait bel et bien reçu la requête de TPG.

Il a cependant expliqué que toutes les plaintes des membres du public ou des fonctionnaires seront étudiées par un commissaire, qui déterminera s'il y a lieu de tenir une enquête.

Le commissariat a été créé par la Loi fédérale sur la responsabilité pour protéger les personnes qui veulent dénoncer des actes répréhensibles commis par des membres du fonction publique dans l'exercice de leurs fonctions.

La législation, qui est entrée en vigueur officiellement dimanche, limite le travail du commissariat aux affaires qui ne relèvent pas déjà d'une autre organisation, comme un ombudsman ou un tribunal administratif par exemple.