Oui, il était très coloré et il n'avait pas la langue dans sa poche. Mais l'homme d'affaires gatinois Claude Bérard, décédé dimanche soir du cancer à l'âge de 61 ans, était aussi un homme de parole qui a beaucoup fait pour sa ville, disent les gens qui l'ont côtoyé.

Oui, il était très coloré et il n'avait pas la langue dans sa poche. Mais l'homme d'affaires gatinois Claude Bérard, décédé dimanche soir du cancer à l'âge de 61 ans, était aussi un homme de parole qui a beaucoup fait pour sa ville, disent les gens qui l'ont côtoyé.

Connu pour son franc-parler, ses jurons et ses bottes de construction, Claude Bérard menait depuis deux ans un combat contre le cancer. Il était soigné chez lui ces dernières semaines et sa mort a suscité, hier, de nombreuses réactions du monde municipal et des affaires.

"M. Bérard, c'est le premier grand bâtisseur de Gatineau. Avec Claude, on savait qu'on avait l'heure juste et il ne s'enfargeait pas dans les fleurs du tapis", a dit Thérèse Cyr, conseillère municipale pendant 18 ans, qui a aussi été journaliste au Régional lorsque M. Bérard siégeait à la table de l'ex-Ville de Gatineau.

"Il était le parrain de Gatineau. Oswald Parent était le parrain de Hull, nous à Gatineau, on avait Claude Bérard. Gatineau, c'était sa ville."

Conseiller municipal de l'ancienne Ville de Gatineau, Claude Bérard n'a laissé personne indifférent lors de ses crises de colère qui ont défrayé les manchettes.

L'homme d'affaires Camille Villeneuve, qui connaît Claude Bérard depuis 1971, parle d'un homme honnête et généreux. Il dit avoir profité des conseils de son ami, qu'il considère comme un "éclaireur".

"Claude a été l'un des premiers de notre génération de gens d'affaires à avoir les guts d'aller en politique. Il n'avait pas froid aux yeux. C'est un self made man qui avait beaucoup de cran. Il a été un instigateur d'une prise de conscience qu'il faut se prendre en main", a déclaré M. Villeneuve, qui est natif du nord de l'Ontario. "Même s'il était direct, il n'avait pas de méchanceté. C'est la perte d'un ami et c'est une grande perte pour la région."

"Je suis encore sous le choc. Je n'ai que de bons souvenirs de Claude", a affirmé de son côté l'homme d'affaires André Lacasse, propriétaire du terrain de golf Eagle Creek, à Ottawa, qui a également été propriétaire du Rona de Gatineau.

M. Lacasse a rendu visite à M. Bérard vendredi. "On a parlé de business. Claude n'a jamais arrêté de brasser des affaires jusqu'à la fin. Il avait ça dans le sang. J'ai quitté l'école à 16 ans et je pense que Claude a arrêté à neuf ans. Nous sommes deux autodidactes. On se disait souvent qu'on n'est pas allé à l'université, mais on sait compter."

Guy Lacroix, qui a été maire de Gatineau de 1994 à 1999, a lui aussi subi les foudres de M. Bérard. "Il était le plus grand promoteur de Gatineau et moi j'étais maire. Il était impulsif, déterminé et il s'impatientait face à la lourdeur municipale. Mais il n'y avait pas de rancune. On a toujours eu du respect l'un pour l'autre."

Bienfaiteur discret

S'il a fait beaucoup d'argent dans sa vie, Claude Bérard en a aussi beaucoup donné, disent ses amis. "Il a beaucoup contribué à toutes sortes d'organismes et il ne voulait pas que ça se sache", dit Guy Lacroix.

"Je travaille pour plusieurs oeuvres de bienfaisance. Claude était très sollicité et il a toujours donné beaucoup, a dit Thérèse Cyr. Il disait : "Viens me voir demain matin." Il faisait un chèque et disait, "C'est entre moi et toi.""

"Il a beaucoup donné sans vouloir de publicité, par exemple pour des enfants qui ont besoin de soins médicaux", dit Camille Villeneuve.

Malgré son image publique, Claude Bérard "avait un coeur d'or" qui a fait un "tas de choses incognito", a déclaré le Dr Donald Plouffe, qui a diagnostiqué le cancer de M. Bérard il y a deux ans.

Claude Bérard a été à la fois allié et ennemi de l'ex-maire Robert Labine à une époque où l'ex-Ville de Gatineau avait des allures de Far West. M. Labine était à l'extérieur du pays et n'a pu être joint pour commenter hier.

Claude Bérard laisse dans le deuil son épouse Rachelle St-Jean, ses trois filles Lyne, Roxanne et Anie Bérard, de même que six petits enfants. Ses funérailles auront lieu jeudi, à 14 h, à l'église St-Jean-Marie-Vianney de Gatineau.