En 1907, les francs-maçons ont tenté de corrompre le système scolaire québécois. Leur stratégie: créer la première école de gestion au pays. C'est du moins ce que répétait le clergé lors de la création de l'École des hautes études commerciales (HEC). Les mauvaises langues n'ont toutefois pas empêché l'institution de devenir centenaire.

En 1907, les francs-maçons ont tenté de corrompre le système scolaire québécois. Leur stratégie: créer la première école de gestion au pays. C'est du moins ce que répétait le clergé lors de la création de l'École des hautes études commerciales (HEC). Les mauvaises langues n'ont toutefois pas empêché l'institution de devenir centenaire.

"Nous étions la première institution neutre, dit Pierre Harvey, professeur honoraire et directeur de HEC Montréal de 1981 à 1986. Les universités étaient catholiques ou protestantes. Québec devait investir les mêmes sommes dans les deux systèmes. Comme le gouvernement de Lomer Gouin ne voulait pas créer deux écoles de gestion, il a décidé de faire une institution neutre. Pour le clergé, la neutralité de l'institution était la preuve qu'elle était dirigée par les francs-maçons!"

L'école de gestion est créée le 14 mars 1907. La première cohorte d'étudiants, qui obtiennent leur diplôme en 1910, n'a pas la vie facile. L'establishment anglophone du monde des affaires ne lui déroule pas le tapis rouge. "Dans l'idéologie du temps, on apprenait les affaires sur le tas, rappelle M. Harvey. On commençait garçon d'ascenseur et on finissait PDG. En plus, l'école était francophone. Le monde des affaires ne la prenait donc pas au sérieux."

Déjà que l'élite francophone préfère la médecine et le droit à une carrière en affaires, la Première Guerre mondiale vient compliquer le recrutement de candidats doués. L'avenir de HEC Montréal est sauvé quand le gouvernement fédéral introduit l'impôt sur le revenu en 1917. "Il fallait des comptables pour comprendre la loi et en prendre avantage, dit M. Harvey. Avant, les entreprises faisaient très peu de comptabilité. On disait que les hommes d'affaires avaient leur comptabilité dans leur chapeau!"

La comptabilité reste longtemps la marque de commerce de l'institution. Dans les années 50, un jeune professeur, le premier diplômé québécois de la London School of Economics, donne ses lettres de noblesse à l'économie. Il s'appelle Jacques Parizeau.

Au fil des décennies, l'école de gestion développe d'autres champs d'intérêts: le marketing, la finance, le commerce international, les technologies de l'information et le commerce électronique. Elle a formé 55000 diplômés. En 2006-2007, HEC Montréal accueille 12000 étudiants en trois langues dans 34 programmes d'études. L'institution a été classée par le magazine Business Week au 10e rang des meilleures écoles de gestion à l'extérieur des États-Unis au cours des deux dernières années.

Pour célébrer les 100 ans de son institution, M. Patry ira rencontrer ses diplômés à Paris, New York et Pékin. À Montréal, le musée McCord accueillera une exposition sur l'histoire de HEC Montréal du 21 avril au 5 août 2007. Postes Canada lancera un timbre commémoratif à l'effigie de l'institution en mars 2007. Des colloques et des conférences sont aussi prévus au cours de la prochaine année.

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