Semaines fortes pour les investisseurs boursiers, juste à temps pour l'ambiance des Fêtes.

Semaines fortes pour les investisseurs boursiers, juste à temps pour l'ambiance des Fêtes.

Et toutes les dépenses qui les accompagnent!

Mais est-ce que ça durera, alors que les indices de ralentissement économique se multiplient aux États-Unis, et les risques d'incidence au Canada?

Ces signaux surviennent à un bien mauvais moment pour les détaillants, eux qui profitent de ce temps de l'année pour réaliser une bonne part de leurs chiffres d'affaires.

Or, pour le moment, leurs ventes s'avèrent bien plus timides que prévue aux États-Unis et ce, depuis le long week-end de l'Action de grâce, à fin novembre.

Le début de cette saison de magasinage intensif est timide au point d'inciter des détaillants d'importance comme Wal-Mart, aussi des plus surveillés en Bourse, à devancer leurs soldes de fin d'année pour attirer les consommateurs.

Les plus récents chiffres du géant des magasins à escompte montraient une baisse de 0,5% de ses ventes en novembre aux États-Unis.

"De par sa taille, Wal-Mart est devenu un baromètre de l'économie de consommation aux États-Unis. Par conséquent, ces récents résultats mitigés ne devraient pas être sous-estimés pas les investisseurs boursiers", souligne Vincent Delisle, économiste et stratège boursier chez Capitaux Scotia.

Au Canada, Wal-Mart aurait aussi décidé d'accentuer des soldes. Ou à tout le moins, de s'afficher comme tel dans les médias.

Car cette annonce suscite un certain scepticisme parmi les analystes du commerce de détail.

D'une part, ils considèrent que la croissance de l'ensemble des ventes de détail au Canada demeure meilleure qu'aux États-Unis.

D'autre part, la filiale canadienne de Wal-Mart est déjà réputée comme l'une des plus performantes et des plus rentables de tout le réseau Wal-Mart.

N'empêche, les manuvres du géant pour maintenir ses parts de marché risquent de nuire aux résultats des autres gros détaillants. En particulier les chaînes de magasins à rayons, qui ne s'en tiraient pas trop mal jusqu'à récemment aux États-Unis.

Les plus récents chiffres de ce secteur montrent une croissance moyenne d'environ 3,8% sur une base annualisée.

Ce taux de croissance est inférieur à celui des récentes années à pareille date, mais néanmoins avantageux comparativement à l'ensemble du commerce de détail.

Entre-temps, même en électronique grand public, pourtant un secteur dynamique du commerce de détail, des géants comme Best Buy (Future Shop au Canada) ont décidé de casser des prix plus tôt qu'auparavant pour susciter des ventes.

"Les nouveautés comme les consoles de jeux augmentent l'achalandage en magasins, mais la concurrence des prix est telle qu'ils n'ajoutent guère à la croissance nette des revenus et des profits des détaillants", observe l'analyste David Schick, de la firme américaine Stifel, Nicolaus & Co., spécialisée en commerce de détail, dans son plus récent avis sur les résultats des détaillants d'électronique.

Un début de saison de Noël plus timide que prévu affecte aussi la plupart des grandes chaînes de boutiques vestimentaires aux États-Unis.

Le groupe Gap a ainsi débuté la saison des Fêtes 2006 avec une baisse de 8% de ses ventes, sur une base annualisée.

Certes, ce détaillant a des problèmes de gestion depuis quelques trimestres, qui pèsent davantage sur ses résultats.

Mais l'ensemble des détaillants spécialisés de vêtements aux États-Unis affichent une relative stagnation de leurs ventes ces dernières semaines, par rapport à l'an dernier: à peine 1,5% de croissance annualisée le mois dernier, moins que le taux d'inflation, et la moitié moins que la croissance anticipée de toutes les ventes au détail en cette fin d'année, aux États-Unis.Les détaillants vestimentaires canadiens, eux, semblent en meilleure position jusqu'à maintenant.

C'est le constat de l'analyste Neil Linsdell, du bureau montréalais de la firme Partenaires Versant. Il suggère d'ailleurs aux investisseurs de s'intéresser davantage à ces détaillants canadiens.

"Ces détaillants comme Le Château, Reitmans et La Senza (en voie d'acquisition) continuent d'afficher une meilleure croissance de leurs résultats que leurs vis-à-vis américain. Leurs actions se transigent aussi à des multiples inférieurs de cours-bénéfice", souligne M. Linsdell dans son plus récent avis, publié hier.

D'autant plus que le secteur de la consommation au Canada est présumée en meilleure posture qu'aux États-Unis.

Économistes et représentants du commerce de détail s'attendent à une croissance annualisée des ventes en décembre de l'ordre de 4% à 6%, selon les régions.

Si cette faible croissance persiste, elle serait la pire depuis quatre ans dans le marché américain.

Avis aux investisseurs dans le secteur du détail: le père Noël pourrait faire faux bond cette année.