Au Québec 7,3% de la population adulte peut être considérée comme un entrepreneur social, lié au démarrage ou à la gestion d'organismes sociaux, bénévoles ou communautaires.

Au Québec 7,3% de la population adulte peut être considérée comme un entrepreneur social, lié au démarrage ou à la gestion d'organismes sociaux, bénévoles ou communautaires.

"L'entrepreneuriat social, c'est une force tranquille contre l'immobilisme apparent du Québec, a soutenu hier Nathaly Riverin, du Centre de vigie et recherche sur la culture entreprenariale, en présentant ses résultats dans les locaux du Chantier de l'économie sociale (CES). C'est une force socio-économique de première importance."

Mme Riverin base ses observations sur un sondage réalisé auprès de 6416 répondants d'un océan à l'autre dont 4906 au Québec. À l'échelle canadienne, la proportion s'élève à 6,3%.

Un grand nombre de ces quelque 414100 adultes québécois agissent en bénévole ou quasi-bénévole auprès d'organismes à but non lucratif ou caritatif, de coopératives et d'entreprises classiques. Ce sont souvent aussi des entrepreneurs classiques en même temps. Si un peu plus du tiers d'entre eux donnent moins de 10 heures par semaine de leur temps, on en trouve tout autant qui y consacrent l'équivalent d'une tâche à temps plein.

Ce sont autant d'hommes que de femmes qui appartiennent à tous les groupes d'âge, mais c'est dans la fourchette des 45 à 54 ans qu'ils sont les plus nombreux. On en trouve aussi beaucoup chez les 18-24 ans, en particulier dans les entreprises sociales en démarrage. "C'est l'entrepreneuriat de l'avenir", est convaincue Mme Riverin.

Beaucoup d'entrepreneurs sociaux agissent à la tête de conseils d'administration d'entreprises qui ont du personnel rémunéré, dans les centres de la petite enfance (CPE) par exemple, où ils peuvent apporter leur sens des affaires.

Leur présence n'est sans doute pas étrangère au lancement la semaine dernière de wwwilliam.coop, la coopérative d'achat sur le Web destinée au millier de CPE du Québec. Déjà 200 en sont membres. En y recourant, ils pourraient réaliser des économies d'achat de nourriture, de jouets ou de services comme l'assurance d'environ 10 millions par année. Si les affaires tournent rondement, les services de la coop pourraient aussi être offerts aux 14000 responsables de garde en milieu familial du réseau des CPE.

La publication de l'étude sur l'entrepreneuriat social coïncide avec la tenue la semaine prochaine (les 16 et 17 novembre) du Sommet de l'économie sociale et solidaire où le ministre du Développement économique Raymond Bachand sera conférencier et où on attend 600 personnes. Durant le week-end suivant, le Marché Bonsecours accueillera la Foire nationale de l'économie sociale et du commerce équitable.

L'économie sociale au Québec, c'est 6500 entreprises collectives dont le chiffre d'affaires total s'élevait l'an dernier à 4,3 milliards. "Elle émerge et elle peut réaliser la triple reddition de comptes: financière, sociale et environnementale", soutient Nancy Neamtam, présidente et directrice générale du CES depuis son lancement, il y a 10 ans.

Si le concours de l'État reste essentiel au fonctionnement de bon nombre d'entreprises sociales, les revenus autogénérés ne sont pas négligeables non plus.

Mais Mme Neamtam souhaite aller plus loin avec la mise sur pied d'un fonds de placement dont la mission consisterait à investir dans les entreprises d'économie sociale. Après tout, les entreprises classiques ont eu en leur temps le Régime d'épargne-actions et elles disposent encore de plusieurs sources de capital-risque dont une bonne part est abreuvée grâce par des coups de pouce fiscaux.

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