Éclaboussée par une série de congédiements injustifiés et de règlements de comptes politiques au cours des dernières années, la Banque de développement du Canada (BDC) recommence à faire les manchettes. Mais cette fois, son président ne s'en plaindra pas.

Éclaboussée par une série de congédiements injustifiés et de règlements de comptes politiques au cours des dernières années, la Banque de développement du Canada (BDC) recommence à faire les manchettes. Mais cette fois, son président ne s'en plaindra pas.

La société d'État fédérale vient d'être honorée pour la qualité de sa gestion par le magazine Fortune ainsi que le Groupe RBL et Hewitt & Associés, deux firmes de ressources humaines, qui l'ont sélectionnée au troisième rang des PME en Amérique du Nord. Mais attention: par PME, on entend les entreprises de moins de 10 000 employés.

«C'est une définition à l'américaine», blague Jean-René Halde, président et chef de la direction de la BDC.

La BDC est la seule société canadienne à avoir retenu l'attention de Fortune, du Groupe RBL et de Hewitt & Associés, qui ont étudié les pratiques de gestion de 500 entreprises à travers le monde, dont 26 au Canada.

«Pour nos employés, ce prix prouve que leurs efforts en valent la peine», dit M. Halde.

La société d'État fédérale emploie 1700 personnes au Canada. Ses activités sont multiples - financement d'entreprises, consultation auprès d'entreprises et capital de risque - mais son mandat est simple: favoriser l'entrepreneurship au Canada.

Avec son portefeuille de prêts annuel de 9,6 milliards, elle dispose d'un levier économique important.

«Notre chance, c'est d'avoir un beau mandat, dit M. Halde. C'est satisfaisant de se lever le matin et d'aider des entrepreneurs. Tu as l'impression que tu ne fais plus que seulement une job financière.»

Ancien dirigeant du pâtissier Culinar et du fabricant de jouets Irwin, Jean-René Halde a été nommé à la tête de BDC en juin 2005. Il a tout de suite adopté la culture de gestion de la société d'État, dont le siège social est à Montréal.

«J'ai siégé dans une vingtaine de conseils d'administration au cours de ma carrière et je n'ai jamais vu une telle culture de leadership, dit-il. Il n'y a pas de secret sauf de consulter régulièrement ses employés. Nous écoutons ce qu'ils ont à dire et nous agissons par la suite. Si tu écoutes et que tu ne fais rien, les gens vont finir par se tanner de te parler...»

Ce prix de gestion redore le blason de la BDC, dont la réputation a été écorchée par plusieurs controverses politiques au cours des dernières années.

En 2000, le président François Beaudoin a été congédié parce qu'il avait refusé d'octroyer un prêt à l'Auberge Grand-Mère, propriété d'Yves Duhaime, proche de l'ex-premier ministre Jean Chrétien.

M. Beaudoin, qui a finalement obtenu un million de dollars en guise de compensation pour congédiement injustifié, a cédé son poste à Michel Vennat, qui a été congédié à son tour par Paul Martin, le successeur de M. Chrétien, en mars 2004.

M. Vennat réclame toujours 5,6 millions de dollars au gouvernement fédéral pour congédiement injustifié et atteinte à sa réputation.

«Le nom de la Banque faisait les manchettes des journaux, mais ces histoires n'ont jamais affecté ses activités quotidiennes, dit M. Halde. Sauf que j'imagine que les employés n'ont pas dû trouver ça drôle de voir la Banque associée à ces histoires.»