Si l'industrie forestière n'arrive pas par elle-même à se restructurer au cours des prochains mois, le gouvernement Charest n'hésitera pas à lui forcer la main.

Si l'industrie forestière n'arrive pas par elle-même à se restructurer au cours des prochains mois, le gouvernement Charest n'hésitera pas à lui forcer la main.

En annonçant jeudi un plan d'action en sept points pour sortir l'industrie forestière de la crise, le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, a dit qu'il était prêt à trancher, si le milieu n'arrivait pas à se discipliner à très court terme.

«Il faut que ça bouge. Il faut qu'il y ait de l'action», a dit le ministre, en point de presse, en marge d'une allocution prononcée devant les membres du Conseil de l'industrie forestière (CIFQ).

«D'ici la fin de l'année, il faut que le plus gros des efforts de consolidation et des projets soit accepté et puisse aller de l'avant», a-t-il ajouté, visiblement impatient.

Le Québec compte un trop grand nombre d'entreprises forestières pour les besoins du marché, obligeant les industriels à se regrouper, à fusionner ou à s'échanger volontairement des contrats d'approvisionnement (CAAF) pour survivre.

Dans certaines régions, il y aurait une usine sur deux qui serait de trop, selon le CIFQ.

La crise forestière s'est soldée jusqu'à maintenant par la fermeture d'au moins 130 entreprises et la perte de quelque 12 000 emplois au Québec.

«On a le dos au mur. Ce n'est pas vrai qu'on va passer une autre année à attendre et à entendre juste des mauvaises nouvelles», prévient le ministre, en indiquant qu'il ne pourra pas «y avoir de moulins à scie partout».

Québec pourrait, par exemple, de son propre chef, transférer les contrats d'approvisionnement d'une usine à une autre, pour forcer la consolidation de l'industrie dans une région donnée.

M. Béchard affirme qu'il préfère «voir deux, trois usines qui fonctionnent, que cinq qui sont arrêtées».

En matinée, le président du CIFQ, Guy Chevrette, avait rappelé que, loin de se résorber, la crise qui sévit dans ce secteur allait faire d'autres victimes avant longtemps.

Près d'une centaine d'autres papetières et usines de sciage pourraient devoir fermer leurs portes d'ici la fin de l'année, entraînant dans leur sillage combien de pertes d'emplois, craint M. Chevrette.

Pas moins d'une entreprise sur quatre des 360 qui vivent de la forêt québécoise serait donc victime du nécessaire processus de restructuration de cette industrie, prédit M. Chevrette, en lançant un xième appel au secours au gouvernement.

«Si on ne fait rien, il en fermera quatre sur quatre», a-t-il soutenu, en demandant à Québec de procéder promptement au transfert des volumes de bois d'une usine à une autre, en vue de regrouper les forces.

Avant la fin de l'année, le ministre Béchard s'engage par ailleurs à entreprendre un certain nombre d'actions pour espérer voir l'industrie forestière redevenir le fleuron qu'elle a déjà été.

En priorité, il a annoncé son intention de revoir de fond en comble, en vue de le simplifier, le régime forestier québécois.

De plus, il ambitionne de présenter à court terme «le plus ambitieux» plan de reboisement de nos forêts des 30 dernières années.

Afin d'assurer un calcul plus précis de la possibilité forestière, Québec fera par ailleurs l'acquisition au coût de quelque 15 M$ du logiciel Woodstock-Stanley, qui remplacera le logiciel Sylva II.

Avec l'objectif de répondre à la demande de l'industrie, qui se plaint du prix trop élevé de la fibre, Québec s'engage aussi à réduire les tracasseries administratives et à abaisser de 2 $ le coût du mètre cube de bois.

À l'automne, un Sommet de la forêt permettra de pousser plus loin la réflexion sur les changements annoncés et les problèmes de l'industrie.

Parallèlement, un Conseil des partenaires de la forêt verra le jour, où chacun pourra exprimer ses doléances.