Les prix élevés de l'essence s'expliquent autant par la faible capacité de raffinage que par l'augmentation du prix du pétrole brut, selon les détaillants d'essence indépendants du Québec, qui proposent de recruter des investisseurs pour construire une nouvelle raffinerie au Québec.

Les prix élevés de l'essence s'expliquent autant par la faible capacité de raffinage que par l'augmentation du prix du pétrole brut, selon les détaillants d'essence indépendants du Québec, qui proposent de recruter des investisseurs pour construire une nouvelle raffinerie au Québec.

«C'est sûr que ça réduirait la pression sur les prix», affirme Sonia Marcotte, économiste et présidente-directrice générale de l'Association québécoise des détaillants indépendants de produits pétroliers.

L'AQUIP s'inquiète depuis longtemps de la diminution de la concurrence dans le secteur du raffinage. «Entre 1981 et aujourd'hui, le nombre de raffineurs est passé de 189 à 55», rappelle Mme Marcotte.

La réduction du nombre d'acteurs a eu pour effet d'augmenter la rentabilité du secteur du raffinage, comme le prouvent les résultats records que dévoilent les grandes pétrolières trimestre après trimestre. Les marges moyennes de raffinage n'ont jamais été aussi élevées, à autour de 10 cents par litre.

Valero Energy, le raffineur qui possède le réseau Ultramar au Québec, rapportait récemment un bénéfice net de 4,3 milliards de dollars américains après les neuf premiers mois de son exercice financier, soit le double du profit de l'an dernier.

Pour freiner l'augmentation des marges de raffinage, il faut des joueurs supplémentaires sur le marché, estime Sonia Marcotte.

Son association a suggéré au gouvernement québécois d'entamer des pourparlers avec un pays producteur de pétrole, comme le Mexique ou le Venezuela, pour l'encourager à s'installer au Québec.

«Ça pourrait se faire par étapes, en commençant par des ententes d'exportation, pour mener à un investissement dans le raffinage», précise la présidente.

Il s'agit d'un projet ambitieux. Une nouvelle raffinerie commanderait des investissements colossaux, en plus de se butter à une opposition certaine des environnementalistes et des résidants voisins du site choisi.

Irving Oil, qui vient d'annoncer son intention de construire une raffinerie au Nouveau-Brunswick, prévoit investir 7 milliards de dollars dans son projet. D'autres projets font l'objet de discussions depuis des années en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve et à divers endroits aux États-Unis. Aucune nouvelle installation de raffinage n'a vu le jour au Canada depuis 1984 et aux États-Unis depuis 1976.

Le Québec n'a jamais manqué d'essence, reconnaît la président de l'AQUIP. En fait, les trois raffineries actives sur son territoire exportent une partie de leur production en Ontario et aux États-Unis.

Les détaillants importent également une proportion croissante de produits raffinés. Cette deuxième source d'approvisionnement pour les indépendants (l'autre étant les grandes pétrolières actives au Canada) agit aussi comme régulateur des prix de gros, admet Sonia Marcotte.

Selon elle toutefois, la marge entre l'offre et la demande de produits raffinés reste mince, comme l'a démontré la hausse fulgurante des prix après l'ouragan Katrina en 2005. Sans les exportations, le Québec serait en déficit de 40 millions de litres par jour, estime-t-elle.