Le gouvernement de gauche de Romano Prodi est mis en difficulté par l'affaire Telecom Italia, son premier dossier industriel depuis son arrivée au pouvoir, dont la gestion est critiquée par les milieux économiques comme par les marchés.

Le gouvernement de gauche de Romano Prodi est mis en difficulté par l'affaire Telecom Italia, son premier dossier industriel depuis son arrivée au pouvoir, dont la gestion est critiquée par les milieux économiques comme par les marchés.

Après la démission surprise vendredi du président de Telecom Italia Marco Tronchetti Provera à la tête du plus gros employeur privé italien, officiellement pour ramener la sérénité, un conseiller économique de M. Prodi a annoncé à son tour lundi sa démission.

Angelo Rovati, un proche du chef du gouvernement, était au centre de la polémique depuis que la presse a révélé qu'il avait proposé à Telecom Italia un projet prévoyant le passage de son réseau fixe sous contrôle public.

Ce plan a été dénoncé par l'opposition de droite comme un acte d'ingérence de l'Etat dans une société privée, M. Rovati affirmant, sans vraiment convaincre, qu'il s'agissait d'une initiative totalement personnelle.

"J'estime nécessaire de renoncer à la charge de conseiller politico-économique auprès du chef de gouvernement afin de mettre fin à toute tentative d'instrumentalisation", écrit le conseiller dans sa lettre de démission à Romano Prodi.

Ce dernier a été contraint d'accepter que son gouvernement s'explique devant le Parlement sur cette affaire tandis que le premier parti d'opposition, Forza Italia de l'ex-chef de gouvernement Silvio Berlusconi, réclamait la création d'une commission d'enquête parlementaire.

Telecom Italia a déclenché une vive controverse en annonçant la semaine passée son projet de placer son activité mobile TIM et le dernier maillon du réseau fixe (la boucle locale) dans deux sociétés séparées.

Accueilli avec "surprise" par M. Prodi, il fait craindre au gouvernement le passage de certains actifs d'un des rares fleurons industriels du pays aux mains d'investisseurs étrangers.

Les services de M. Prodi ont en outre publié le détail de discussions que ce dernier avait eues avec le patron de l'opérateur, révélant plusieurs projets stratégiques confidentiels de ce dernier.

"Le risque d'une tentation dirigiste existe au sein de la majorité", a réagi le président du patronat italien, Luca Cordero di Montezemolo, dans le Corriere della Sera.

"Le gouvernement peut ne pas apprécier la séparation du mobile et du réseau fixe mais ce sont des choix de l'entreprise et nous aurions eu besoin de silence et de sobriété", a-t-il ajouté.

"J'ai eu la sensation, vu de l'étranger, d'un très mauvais pas en arrière pour le pays", a encore dit M. Montezemolo depuis la Chine où il accompagnait la visite de M. Prodi.

Pour Telecom Italia, désormais présidé par Guido Rossi, déjà président de l'opérateur au moment de sa privatisation en 1997, les turbulences semblent loin d'être achevées tant des inconnues planent sur la stratégie du groupe.

Après trois séances de recul, le titre du groupe se reprenait lundi (+1,77% à 2,24 euros à 13H00) mais les investisseurs soulignaient sa forte volatilité.

"Le nouveau président a été choisi parce que plus acceptable pour le gouvernement" bien qu'il se soit engagé à maintenir le plan stratégique de son prédécesseur, relève Goldman Sachs.

Mais, ajoute le courtier, "l'apparente opposition du gouvernement à une prise de participation étrangère (...) et les données fondamentales de la société nous incitent à rester prudents".

Exane BNP Paribas note cependant que M. Rossi pourrait être mieux placé que le précédent président pour faire accepter au gouvernement la stratégie du groupe.

ef/fmi/jlb