Ne touchez jamais à vos placements en période de turbulence, répète-t-on sans cesse à la banque.

Ne touchez jamais à vos placements en période de turbulence, répète-t-on sans cesse à la banque.

Au plus fort de la crise du crédit, les Canadiens ont désobéi à leurs institutions financières, retirant 1,55 milliard de dollars de leurs fonds communs de placement le mois dernier.

Il s'agit d'un premier recul mensuel des ventes nettes de fonds communs depuis près de trois ans.

En août, les détenteurs de fonds communs ont retiré 915,5 millions de leurs fonds monétaires et 633,4 millions de leurs fonds d'actions.

«La crise du crédit a indisposé les investisseurs, qui ont eu peur et ont décidé de migrer vers des placements plus sécuritaires comme des obligations et des réserves en liquide», dit Denis Durand, associé principal à la société de placement Jarislowsky Fraser.

La Banque Nationale a particulièrement été touchée par la crise du crédit. Selon l'Institut des fonds d'investissement du Canada, elle a vu ses fonds monétaires exposés au PCAA (papier de commerce adossé à des actifs) se dégarnir de 380,2 millions.

«C'est beaucoup d'argent en considérant la taille de son actif sous gestion», dit Christian Charest, éditeur adjoint de Morningstar, firme de recherche sur les fonds communs de placement.

Seuls les fonds monétaires de la Banque Toronto-Dominion ont fait pire alors que ses détenteurs ont retiré 456,7 millions.

La firme Morningstar est toutefois indulgente à l'égard de la TD, dont l'actif sous gestion de ses fonds communs est au moins quatre fois plus imposant que celui des fonds de la Banque Nationale.

«La TD s'est fait emporter par la vague même si elle ne détenait pas de PCAA dans ses fonds», dit M. Charest.

Fonds d'actions

En plus de déserter le marché monétaire, les détenteurs de fonds ont aussi fait des retraits de 633,4 millions dans leurs fonds d'actions.

«Quand il y a de la turbulence, chacun évalue sa tolérance au risque, dit Pierre Lapointe, stratège en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. Comme les investisseurs ont obtenu de bons rendements depuis cinq ans, certains ont probablement choisi de cristalliser leurs profits en voyant les problèmes qui secouaient le marché. C'est une bonne stratégie même si les investisseurs à long terme savent que les marchés financiers finiront par monter malgré les épisodes de turbulence.»

Les fonds d'actions de la CIBC ont connu un mois particulièrement difficile avec un déficit net de 192 millions au niveau des cotisations.

Parmi les 15 plus importants distributeurs de fonds communs au Canada, seuls la Banque Scotia (168 millions en contributions excédentaires), Desjardins (84 millions), la Banque Royale (49 millions) et Fidelity (40 millions) ont maintenu un solde de cotisations positif dans l'ensemble de leurs fonds d'actions.

«Nos membres ont continué à contribuer à leurs fonds communs grâce à notre programme de cotisations prédéterminées à intervalles réguliers, qui les font investir dans les périodes plus difficiles», dit Steven Zanolin, chef de produit à la première vice-présidence des fonds de placement chez Desjardins.

Les gestionnaires canadiens de fonds communs n'avaient pas connu une baisse de cotisations depuis octobre 2004. En 2007, leurs ventes nettes mensuelles avaient oscillé entre 2,5 milliard et 8 milliards de dollars.

Au 31 août dernier, leur actif sous gestion s'établissait à 695,9 milliards, en hausse de 14% par rapport à l'an dernier malgré une baisse de 1,1% le mois dernier.