Durant son bac, Marie-Ève Brunelle a travaillé deux jours par semaine dans un restaurant.

Durant son bac, Marie-Ève Brunelle a travaillé deux jours par semaine dans un restaurant.

«Je n'avais pas le choix pour boucler mes fins de mois», confie la femme de 27 ans.

Ces deux jours de travail consommaient de précieuses heures qu'elle ne pouvait consacrer à ses études.

«J'ai probablement de moins bonnes notes que celui qui vit chez ses parents, n'a pas besoin d'aide financière et ne travaille pas. Moi, j'ai du mal à atteindre les notes qui m'auraient donné droit aux bourses d'excellence. Je suis donc obligée de travailler, et c'est le cercle vicieux.»

Maintenant en dernière année de maîtrise, elle complète ses revenus avec des contrats de recherche à l'université.

Malgré tous ces efforts pour la contenir, sa dette atteindra 30 000$ lorsqu'elle obtiendra son coûteux diplôme. Au moment d'entreprendre leur vie professionnelle, Marie-Ève et son copain devront à eux deux près de 60 000$. Pas loin du tiers de la valeur d'une petite maison

Elle demeure optimiste - c'est dans sa nature. «Il y a toujours des façons de s'arranger, dit-elle. Mais j'ai envie d'avoir des enfants, une maison. J'ai l'impression que ces dettes retardent un peu ces projets.»

Même avec un bon salaire, «un remboursement de 400$ par mois, c'est une grosse bouchée qui part.»

La bouchée est-elle trop grosse à avaler pour les étudiants québécois?

Cette question se pose avec d'autant plus d'acuité que les droits de scolarité au Québec sont dégelés pour la première fois depuis 11 ans.

Chaque automne pendant les cinq prochaines années, les droits de scolarité pour un trimestre de 15 unités, qui étaient de 834$ l'hiver dernier, seront majorés de 49,95$, soit un supplément de 99,90$ par année.

Pour un bac de quatre ans entrepris cet automne, le coût supplémentaire est de 999$. Par rapport aux droits de l'année 2006-2007, un bac de quatre ans commencé en 2011 coûtera 499$ de plus par année, soit un supplément de 1998$ après quatre ans.

Le programme d'aide financière aux étudiants s'y ajuste en partie. Or au Québec, pour les 48% de diplômés du premier cycle qui avaient contracté des prêts en 2006, la dette moyenne s'établissait déjà à 12 660$.

Pour ceux du deuxième cycle, elle atteignait 14 740$.

«Il est évident que les étudiants sont surendettés», constate Patrick Brady, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).

Cet endettement est-il excessif? La difficulté est d'établir un barème: surendetté par rapport à quoi? «C'est une question subjective», exprime Ross Finnie, de l'Université d'Ottawa, qui a effectué plusieurs études sur le sujet.

«Pour la mettre en contexte, disons que c'est moins cher qu'une voiture neuve de prix raisonnable.»

Cherchons tout de même quelques réponses...