L'arrivée d'Ubisoft à Montréal en 1997 a soulevé l'enthousiasme au Québec. Mais elle a aussi provoqué la controverse. À l'origine du mécontentement: les généreux crédits d'impôt accordés à la multinationale.

L'arrivée d'Ubisoft à Montréal en 1997 a soulevé l'enthousiasme au Québec. Mais elle a aussi provoqué la controverse. À l'origine du mécontentement: les généreux crédits d'impôt accordés à la multinationale.

Impossible de parler de la venue d'Ubisoft à Montréal sans évoquer la mémoire d'un homme: Sylvain Vaugeois. Aujourd'hui décédé, cet ex-fonctionnaire transformé en homme d'affaires a accouché au milieu des années 1990 d'un ambitieux plan de «reconversion des entreprises à la nouvelle économie».

Nom de code: le plan Mercure. L'idée: subventionner les emplois plutôt que la brique et les usines. M. Vaugeois présente son projet au gouvernement en 1996. Et question de l'inciter à bouger, il sort une carte de sa manche: il annonce qu'il est en pourparlers avancés avec une entreprise française du multimédia qui envisage de s'implanter à Montréal.

Le 17 avril 1997, c'est dans la poche. Ubisoft et le gouvernement du Québec annoncent conjointement l'implantation d'un studio de développement de jeux vidéo à Montréal.

L'entreprise bénéficie d'un généreux montage financier des gouvernements provinciaux et fédéraux. Les crédits d'impôt remboursables permettent d'économiser jusqu'à 50% du salaire des employés dédiés à la production. Et sont directement inspirés du plan Mercure.

Mais l'industrie du multimédia québécoise rechigne: «pourquoi Ubi et pas nous?» Leurs objections conduiront à la politique du «guichet unique»: le gouvernement québécois généralise l'aide à l'ensemble de l'industrie du multimédia.

En 2003, le ministre des Finances provincial, Yves Séguin, commence à tamiser les lumières pour atténuer le party: le crédit passe de 50% à 37,5%.

Isabelle Hudon, présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, croit que ces mesures sont appelées à s'évanouir graduellement.

«Ce genre de programme ciblé sur des secteurs névralgiques est excellent pour faire décoller une industrie. Je crois qu'il est bien de les débuter, mais aussi de les terminer - qu'il y ait, en tout cas, une atténuation graduelle.»