Et hop, 76 $ de moins sur sa prime d'assurance habitation. Après que l'assureur eut vérifié le pointage de crédit chez Equifax, la prime est passée de 643 $ à 567 $. Une réduction d'environ 12%.

Et hop, 76 $ de moins sur sa prime d'assurance habitation. Après que l'assureur eut vérifié le pointage de crédit chez Equifax, la prime est passée de 643 $ à 567 $. Une réduction d'environ 12%.

Mais l'opération peut valoir l'effet inverse.

Un mauvais pointage entraînera une augmentation de la prime.

Dans le cas qui nous occupe, cet heureux résultat provenait d'un pointage de 759, sur une échelle de 300 à 900. Cet indice correspond à peu de chose près au pointage moyen de la population (48e percentile), et est considéré comme un bon pointage.

Car la corrélation entre le pointage de crédit et le risque de réclamation est nette et directe, semble-t-il.

Selon une étude réalisée en 2004 pour le Texas Department of Insurance, les 10 % de titulaires de polices d'assurance (auto et habitation) avec les moins bons pointages de crédit font de 1,5 à deux fois plus de réclamations que les 10 % d'assurés qui montrent les meilleures cotes.

«Le raisonnement est le suivant : une personne qui est prudente et rigoureuse dans la gestion de ses finances le sera aussi dans la conduite de son véhicule et dans l'entretien de sa maison et de ses biens», énonce Jean Vaillancourt, directeur général des opérations chez Desjardins Assurances générales.

Une pratique qui se répand

Chez Desjardins, on utilise le pointage de crédit depuis janvier 2006 pour calculer les primes des assurances auto et habitation.

Desjardins suit en cela la pratique instaurée par ses compétiteurs. Selon le Bureau d'assurance du Canada section Québec, sept assureurs ou groupes d'assureurs utilisent le pointage de crédit dans leur système de tarification, sur un total d'environ 185 entreprises autorisées à souscrire de l'assurance de dommages au Québec.

«La démarche se fait de façon transparente au client, insiste Alexandre Royer, conseiller en affaires publiques au BAC. On demande son accord et s'il refuse, il n'est pas exclu. Ça ne se fait pas à son insu.»

Il n'est pas exclu, mais si on en croit la pratique de Desjardins, le nouveau client qui refuse la vérification se voit alors attribuer d'office la prime correspondant à un pointage bas.

Pour leur part, les assurés déjà clients de Desjardins se font proposer cette vérification lors de la mise à jour de leur dossier, ce qui survient en moyenne à intervalle de trois ans. Dans 95 % des cas, l'assuré accepte que Desjardins consulte son pointage de crédit, indique Jean Vaillancourt. S'il refuse, sa tarification ne change pas.

«Ça génère des primes qui sont plus équitables, affirme-t-il. Quelqu'un qui par son comportement représente un risque plus élevé va payer plus cher et quelqu'un qui représente un risque moins élevé va payer moins cher.»

Chez Desjardins, on estime qu'environ les deux tiers des assurés vont payer moins cher. Il en résulte implacablement que ces réductions seront compensées par les augmentations du tiers restant.

«Avant d'utiliser le pointage de crédit, cette partie du risque qui n'était pas reflétée dans les autres critères faisait en sorte que ceux qui avaient un bon pointage de crédit payaient trop et ceux qui avaient un pointage un plus bas ne payaient pas assez, invoque Jean Vaillancourt. On replace tout simplement les choses.»

Est-ce une façon de se départir de la clientèle la moins rentable ? C'est une façon de ne pas l'attirer, à tout le moins, répond M. Vaillancourt. « Comme plusieurs compétiteurs utilisaient le pointage de crédit depuis un certain temps, on se disait que si on n'agissait pas, c'était ce qui allait nous arriver. Le client qui subissait une hausse de primes chez un compétiteur en raison d'un pointage de crédit bas se mettait à magasiner. Il nous appelait, et parce que nous ne tenions pas compte du pointage, nous lui chargions une prime insuffisante.»

Mais il insiste : aucun client ne sera refusé sur ce seul critère.

Équitable ?

L'utilisation du pointage de crédit est une question d'équité à l'égard du risque, fait-on valoir.

Cependant, les organismes de défenses des consommateurs demeurent circonspects à propos de cette mesure.

«Il est loin d'être rare qu'un dossier de crédit soit truffé d'erreurs», observe l'avocate Stéphanie Poulin, d'Option Consommateurs. «Un mauvais pointage peut être le résultat d'une situation hors de mon contrôle et exceptionnelle, une perte d'emploi par exemple, et je vais m'en trouvé pénalisé pour longtemps.»

Jean Vaillancourt y voit plutôt un côté positif. «C'est une variable sur laquelle les gens ont de l'emprise, souligne-t-il. On ne peut pas changer son âge ou son sexe mais on peut corriger son pointage de crédit en étant un peu plus rigoureux.»

Avant de renouveler son assurance, il peut être avisé de vérifier l'état de son pointage de crédit, si on nourrit quelque doute à son endroit. Malheureusement, si on peut obtenir gratuitement son dossier de crédit par la poste, celui-ci n'inclut pas le pointage de crédit. Il faut en faire la demande par Internet, au coût de 23,95 $ chez Equifax et de 22,90 $ chez TransUnion.

Mise au point sur le pointage

Le pointage de crédit, qu'on appelle couramment cote de crédit, est une formule statistique qui résume et qualifie, en un nombre à trois chiffres, vos aptitudes à utiliser le crédit. En d'autres mots, c'est un indicateur de solvabilité. Le pointage varie de 300 (désespérante passoire) à 900 (hybride de Séraphin Poudrier et de Bill Gates).

Selon Equifax, l'un des deux grands bureaux de crédit avec TransUnion, le pointage est établi en fonction des paramètres suivants :

- L'historique de paiement, qui indique si vos versements de prêts et vos paiements sont effectués à échéance;

-Le degré d'utilisation des limites de crédit disponibles;

-Le nombre d'années d'expérience avec le crédit;

-La fréquence à laquelle on demande du nouveau crédit;

-Le type de crédit détenu — prêt auto, soldes de cartes de crédit, marges de crédit...

C'est l'outil généralement consulté par les prêteurs pour évaluer le risque que vous représentez.

Quelle est la différence avec le dossier de crédit ? Celui-ci résume vos expériences avec le crédit. Outre vos noms, adresse, numéro d'assurance sociale, il renferme de l'information sur vos emplois, vos faillites et le remboursement de vos cartes de crédit, hypothèques et autres emprunts.

«Contrairement à la croyance populaire, la consultation du dossier de crédit à des fins d'assurance, pour la tarification, n'affecte pas le dossier de crédit du consommateur, indique Alexandre Royer, du BAC. Les agences de crédit font ainsi la distinction entre une consultation à des fins d'assurance et une consultation par un prêteur.»

Pourtant, dans notre exemple d'introduction, la demande de vérification de l'assureur a bien été inscrite au dossier de crédit, sans distinction apparente d'objet.