Quatre travailleurs à temps partiel sur 10 ont moins de 24 ans. Qu'est-ce qui les motive ? Le salaire, bien sûr. Toutefois, une étude menée dans le secteur de la restauration rapide révèle qu'ils sont nombreux à rechercher également stimulation et accomplissement au travail.

Quatre travailleurs à temps partiel sur 10 ont moins de 24 ans. Qu'est-ce qui les motive ? Le salaire, bien sûr. Toutefois, une étude menée dans le secteur de la restauration rapide révèle qu'ils sont nombreux à rechercher également stimulation et accomplissement au travail.

Pendant ses études au baccalauréat, Nathalie Roy fréquentait à l'occasion un établissement de restauration rapide situé tout près de l'Université du Québec en Outaouais (UQO).

«J'étais intriguée de voir un employé dans la mi-trentaine afficher toujours un large sourire. Je me disais qu'il devait bien y avoir autre chose que le salaire qui le rendait si heureux. Mais quoi?», raconte Mme Roy, aujourd'hui conseillère en ressources humaines pour le gouvernement fédéral.

C'est cette question qu'il l'a conduite à consacrer ses recherches de maîtrise en relations industrielles à la motivation des travailleurs à temps partiel.

«Ma recherche confirme que le salaire est la première motivation des travailleurs du groupe étudié. Par contre, le désir de stimulation et d'accomplissement au travail suit de près. De plus, ces deux sources de motivation s'observent chez plus d'un travailleur sur deux», résume-t-elle.

Le groupe étudié

La précision apportée par Nathalie Roy est importante. Les 57 travailleurs de son étude sont tous employés par la même chaîne de restauration rapide.

En moyenne, ils ont 20 ans et travaillent 22 heures par semaine.

L'entreprise en question a de plus financé le projet.

Mme Roy s'est assurée que son commanditaire n'ait aucun accès aux réponses des employés, et elle s'est engagée à taire son nom dans ses articles et entrevues.

«Très peu d'études ont été menées sur les motivations des travailleurs à temps partiel, notamment à cause de la difficulté à les rejoindre. Il fallait absolument avoir la collaboration d'un ou plusieurs employeurs pour y parvenir», explique le directeur de thèse de Mme Roy, Éric Gosselin, professeur en psychologie du travail au département des relations industrielles de l'UQO.

Parmi toutes les entreprises de services qui embauchent massivement des employés à temps partiel, la chaîne en question est la seule à avoir accepté de distribuer les questionnaires de Mme Roy à son personnel.

Selon Statistique Canada, 29 % des adolescentes et 21 % des adolescents qui travaillent étaient employés dans le secteur de l'hébergement et de la restauration en 2004. Même si une seule chaîne a été étudiée, elle représente un type d'employeur dominant dans ce secteur.

«Les résultats valent pour cette chaîne mais il faudrait d'autres études pour connaître les motivations de l'ensemble des travailleurs à temps partiel», précise Mme Roy.

Selon Éric Gosselin, l'étude contient toutefois assez d'éléments nouveaux pour justifier la remise en question des pratiques dominantes en ressources humaines face aux travailleurs à temps partiel, qui représentaient 18 % de la main-d'oeuvre canadienne en 2006.

Récompenser par le salaire et prendre des mesures disciplinaires face aux manquements, telle est l'approche classique en ressources humaines avec les travailleurs à temps partiel. Elle repose sur la croyance qui veut que ces derniers n'aient que des motivations externes, comme payer leurs sorties, acheter des gadgets ou concilier travail-famille ou travail-études.

Dans un tel contexte, le style de gestion aurait peu d'importance. Or, c'est loin d'être le cas.

«Les répondants dont les motivations d'accomplissement et de stimulation sont les plus élevées sont également ceux dont les gestionnaires favorisent l'autonomie. La gestion par contrôle entraîne une motivation basée principalement sur le salaire», précise Éric Gosselin.

En fait, le message de cette recherche menée à l'UQO est très simple. Les motivations des travailleurs à temps partiel ressemblent beaucoup plus qu'on le croyait à celles de l'ensemble des travailleurs. Et le style de gestion a, sur eux aussi, une influence primordiale.

Un groupe de travail peu scruté par la recherche : les travailleurs à temps partiel.

Les jeunes occupent le plus souvent des emplois peu rémunérateurs dans le secteur des services. Parmi les élèves du secondaire âgés de 15 à 18 ans qui avaient un emploi en 1995, la majorité (89 %) travaillaient dans le secteur des services, les deux tiers d'entre eux dans des dépanneurs, dans le domaine de la restauration ou dans la vente au détail (Greenon, 1998, p. 86). Stat can.

C'est un secteur où la majorité des employés sont à temps partiel.