En annonçant la fermeture d'un cinquième de son "parquet" cette semaine, la Bourse de New York a franchi un nouveau pas vers l'électronisation des échanges, dans un contexte de forte concurrence mondiale et de réduction de coûts.

En annonçant la fermeture d'un cinquième de son "parquet" cette semaine, la Bourse de New York a franchi un nouveau pas vers l'électronisation des échanges, dans un contexte de forte concurrence mondiale et de réduction de coûts.

Le New York Stock Exchange (Nyse) a annoncé mercredi qu'il allait fermer une de ses cinq salles de marché d'ici un an et demi, décision rendue possible selon lui grâce à des "gains de productivité technologiques".

"La Bourse de New York est de plus en plus focalisée sur des réductions de coûts, elle va sûrement fermer d'autres salles à l'avenir, c'est inévitable", a estimé Richard Repetto, analyste de Sandler O'Neill & Partner.

"Les Bourses mondiales sont presque toutes passées aux échanges électroniques, la meilleure manière de réduire les coûts n'est pas de conserver d'énormes salles de marchés", poursuit-il.

Dernière grande place financière mondiale à fonctionner avec un système d'enchères à la criée, la Bourse de New York voit ses parts de marché grignotées par des systèmes d'échanges électroniques plus rapides et moins coûteux.

Elle a tenté ces dernières années de renverser cette tendance en rachetant en 2005 la plate-forme électronique d'échanges Archipelago. Son projet de fusion avec Euronext s'inscrit dans la même veine: profiter de l'avance technologique du groupe boursier paneuropéen pour sauvegarder sa suprématie mondiale.

Depuis 2005, le Nyse a également lancé un système d'échanges dit "hybride" (destiné à combiner les avantages du courtage manuel et de l'électronique), qui permet aux courtiers de passer eux-mêmes un ordre sans l'intermédiaire des teneurs de marché.

Selon le Nyse, le traitement d'un ordre dans le nouveau système serait réduit de 9 secondes à trois centièmes de seconde, une manière d'augmenter le nombre de transactions passées quotidiennement sur le marché.

"Je peux désormais traiter dix ordres à la fois, sans avoir besoin de marcher et de parler à un teneur de marché", se réjouit Stephen Porpora, l'un des 1.200 courtiers qui arpentent chaque jour le "parquet".

Ces évolutions font craindre à certains la disparition complète de ce parquet, comme cela est déjà le cas dans la plupart des grandes places financières.

"Les spécialistes souffrent, leur métier est menacé, c'est une mort à petit feu qui les attend", prévient un analyste du secteur.

Une intention dont se défend pourtant John Thain, le PDG du Nyse depuis 2003: "On aura toujours besoin d'un parquet avec des teneurs de marché", confiait-il dans une récente interview au Financial Times.

Grâce au parquet, "nous donnons la possibilité aux investisseurs d'obtenir un meilleur prix et nos actions sont moins volatiles que sur un marché totalement électronique", soulignait M. Thain.

En achetant ou vendant des actions à leur propre compte, ces "spécialistes" régulent en effet le marché et réduisent la volatilité des actions. Ils permettent aussi au client d'obtenir un meilleur prix si le nombre d'actions proposées se révèle disproportionné face à la demande.

"Les gros clients institutionnels veulent une exécution toujours plus rapide des transactions", reconnaît un spécialiste sous couvert d'anonymat.

"Il est certain que le nombre de teneurs de marché va se réduire petit à petit, mais on en aura toujours besoin. La vraie question est: y aura-t-il encore un "parquet" physique d'ici quelques années ?", ajoute-t-il.

D'autres marchés américains, tel que le Chicago Mercantile Exchange (CME) font cohabiter depuis plusieurs années échanges électroniques et parquet physique.

"Au final, c'est le meilleur modèle qui l'emportera", estime M. Repetto. "Si pour être compétitif, le Nyse a besoin d'une intervention humaine, le parquet perdurera. Sinon ils le fermeront".

EURONEXT

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