Tokyo a averti mardi Moscou que l'annulation par les autorités russes des droits de développement du géant pétrolier Shell sur le projet Sakhaline 2 pourrait avoir "un impact négatif" sur les relations entre les deux capitales.

Tokyo a averti mardi Moscou que l'annulation par les autorités russes des droits de développement du géant pétrolier Shell sur le projet Sakhaline 2 pourrait avoir "un impact négatif" sur les relations entre les deux capitales.

"Le gouvernement japonais craint que tout retard dans les projets de coopération majeurs entre la Russie et le Japon, tel que le symbolique Sakhaline 2, ait un impact négatif sur les relations russo-japonaises en genéral", a averti le numéro deux du gouvernement, Shinzo Abe.

"Nous avons fait part de nos inquiétudes à la Russie et réclamé un processus transparent ainsi que l'assurance que le projet sera mené à bien sans accroc", a ajouté M. Abe, qui s'apprête à devenir Premier ministre du Japon.

Détenu à 55% par la Royal Dutch Shell, et à 25% et 20% respectivement par les maisons de commerce japonaises Mitsui et Mitsubishi Corporation, Sakhaline 2, situé en Extrême-Orient, est le plus important investissement privé jamais engagé dans le secteur énergétique dans le monde.

C'est également le plus gros investissement étranger en Russie (20 milliards de dollars).

Le ministre japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, Toshihiro Nikai, a indiqué pour sa part qu'il allait s'entretenir avec l'ambassadeur de Russie au Japon, Alexandre Lossioukov.

"Je crois qu'il y aura moyen de sortir de cette impasse en négociant patiemment", a estimé M. Nikai, en promettant d'"activer ses contacts pour que le problème soit résolu calmement et rapidement".

Contacté par l'AFP, le société Mitsui s'est refusée à tout commentaire. Aucun interlocuteur n'était joignable chez Mitsubishi Corporation.

Le projet Sakhaline 2, décidé en 2003, vise à exporter par bateau, à partir de l'été 2008 et pour plus de 20 ans, du gaz naturel liquéfié (GNL) aux grandes compagnies japonaises d'électricité et de gaz.

Mais le Parquet général russe a annoncé lundi qu'il annulait "par décret" "l'expertise écologique", un document relatif au respect de l'environnement qui permettait à Shell de développer la phase deux de son projet. Cette annulation entraîne de facto l'arrêt des travaux.

Les analystes voient dans cette mesure une préoccupation avant tout politique, au service de la volonté du Kremlin d'accroître son contrôle sur le secteur énergétique qu'il juge stratégique.

hih-roc/agr/pt