Les producteurs de gazon sont un excellent baromètre de notre économie. S'ils font des affaires d'or, c'est parce que la construction résidentielle, entre autres secteurs, se porte à merveille. Bref, selon Robert Richer, l'un des plus importants producteurs de gazon au Québec, quand le gazon va, tout va.

Les producteurs de gazon sont un excellent baromètre de notre économie. S'ils font des affaires d'or, c'est parce que la construction résidentielle, entre autres secteurs, se porte à merveille. Bref, selon Robert Richer, l'un des plus importants producteurs de gazon au Québec, quand le gazon va, tout va.

La Belle Province compte plus d'une cinquantaine de producteurs de gazon cultivé, dont près de 35 font partie d'une association professionnelle. Selon Statistique Canada, environ 13 000 acres (5200 hectares) de terres québécoises servent à la production de gazon.

L'Ontario, avec 28 000 acres de culture, produit la moitié des pelouses canadiennes. En 2006 au Québec, les ventes de gazon ont atteint près de 27 millions de dollars. Au Canada, cette somme totalise 128 millions.

Avec plus de 2500 acres de culture, le Groupe Richer fait partie des trois plus gros producteurs de la province. La PME qui emploie 65 personnes en période de pointe est située à Les Coteaux, en Montérégie, près de la frontière ontarienne. Elle possède aussi des champs à Sainte-Julie et à Lacolle.

Son chiffre d'affaires dépasse les 10 millions, ce qui comprend les autres activités de l'entreprise à chacune de ses trois fermes, lesquelles sont ouvertes au public : vente de pavés, de graviers, de fleurs, etc. L'entreprise vend 95 % de son gazon au Québec et 5 % dans quelques États de la Nouvelle-Angleterre.

Les entreprises de paysagement représentent à elles seules 80 % de la clientèle du Groupe Richer. Le gazon est ensuite destiné au marché de la résidence neuve (30 %), aux municipalités (30 % ; pour les parcs, les terrains de soccer, etc.) et aux terrains de golf (20 %). Un pied carré de gazon coûte actuellement 22 cents, dit M. Richer.

Selon l'entrepreneur, le marché du gazon est stable depuis plusieurs années au Québec. Pas de place donc pour une croissance effrénée. Toutefois, il y a de la place pour l'innovation et la créativité. La PME a ainsi mis de l'avant la marque de commerce «Gazon Géant», c'est-à-dire des rouleaux de gazon large de 1,25 m et long d'environ 20 m. Chaque rouleau pèse la bagatelle de 400 kg.

En 2003, Groupe Richer a complètement automatisé ses opérations, c'est-à-dire que le gazon est maintenant récolté mécaniquement. Et un champ de gazon qui prenait autrefois trois ans pour atteindre sa pleine maturité n'en prend maintenant que deux. «Et quand mon fils sera en charge, ce sera probablement un an à cause des méthodes de culture et des nouvelles variétés de semences», dit Robert Richer, bachelier de l'UQAM en finances.

L'homme d'affaires semble d'ailleurs flotter sur un nuage quand il parle de la relève familiale. Ses trois enfants et son épouse travaillent avec lui à Les Coteaux. Seul Julien, le plus âgé des enfants, y travaille en permanence. La PME, qui en est à sa troisième génération, a été fondée en 1962 par Jean-Guy Richer, le père de Robert.

Fait intéressant : l'industrie du gazon cultivé a vu le jour dans la foulée d'Expo 67. «Il y avait de nouveaux besoins dans plusieurs secteurs, y compris le gazon. Le maire (Jean) Drapeau (de Montréal) a été prévoyant. Mon père a fait ses premières productions de gazon en 1962-1963. Tout était prêt pour l'Expo», relate Robert Richer. Depuis sa fondation, la PME se targue d'avoir vendu «500 millions de pieds de gazon». Elle a d'ailleurs fait de cette affirmation son nouveau slogan publicitaire.

Le gazon est une passion chez les Richer. Au point où, lorsqu'il a confié l'entreprise à son fils dans les années 90, Jean-Guy Richer est allé fonder une autre PME dans la région de Québec. De là est née Pelouse Richer-Boulay qui fait encore aujourd'hui partie des plus importants producteurs de la province.

L'ensemencement du gazon ne se fait qu'une fois l'an, au mois d'août. Mais la récolte, elle, commence en avril et se prolonge parfois jusqu'en décembre. La seule variété de gazon cultivée au Québec est le gazon Kentucky (poa pratensis ou pâturin des prés), dit Robert Richer.

Le culte du gazon parfait et la réglementation de plus en plus stricte quant à l'arrosage (en pesticide et en eau) des pelouses au Québec n'inquiètent pas outre mesure Robert Richer. «Il y a eu trop d'abus, les gens mettaient des pesticides partout ! Il y a plus de tolérance qu'avant, les gens acceptent qu'il y ait des mauvaises herbes. Et de toute façon, le symbole de la pelouse sera toujours puissant. Que ce soit par le gazon, les fleurs ou les arbres, l'humain a besoin d'être en contact avec les végétaux», croit M. Richer.