Bell Canada fait marche arrière et recommence à offrir des bouquets de services à rabais (bundles) à ses clients, une pratique qu'elle avait abandonnée il y a près de deux ans.

Bell Canada fait marche arrière et recommence à offrir des bouquets de services à rabais (bundles) à ses clients, une pratique qu'elle avait abandonnée il y a près de deux ans.

L'entreprise montréalaise nie vouloir ainsi corriger une erreur de stratégie. Selon Kevin Crull, président des services résidentiels chez Bell, la réintroduction des bouquets répond plutôt à une demande nouvelle des consommateurs, qui sont maintenant bien au fait de la nature -et des avantages- des offres groupées.

«Nous avons des milliers et des milliers de requêtes chaque mois sur notre site web pour le mot bundle, et les gens appellent en masse en posant des questions sur les bundles», a souligné le dirigeant pendant un entretien avec La Presse Affaires.

Les bouquets permettent aux clients de payer moins cher au fur et à mesure qu'ils ajoutent des services chez un même fournisseur. Chez Bell, par exemple, ceux qui opteront pour l'internet et la télévision numérique obtiendront un rabais allant jusqu'à 10$ par mois. La réduction pourra atteindre 20$ si l'on s'abonne à quatre services.

Kevin Restivo, analyste en télécoms au SeaBoard Group, qualifie de «geste positif» ce changement de cap de Bell Canada. Il n'a jamais compris pourquoi l'entreprise avait abandonné ses bouquets à l'été 2005, alors que la tendance dans l'industrie était d'en offrir davantage.

«C'est comme le Retour vers le futur pour Bell, surtout que Kevin Crull est l'homme qui avait écarté l'idée des bouquets il y a deux ans», a souligné M. Restivo.

Bell Canada espère gagner de nouveaux clients -et freiner l'exode de ses abonnés en téléphonie résidentielle - en proposant de nouveau ses bouquets. Les câblodistributeurs, Vidéotron en tête, font un tabac depuis deux ans avec les forfaits multiservices du genre.

Vidéotron estime d'ailleurs être en bonne partie responsable du retour des offres groupées chez Bell.

«On sent que Vidéotron, encore une fois, est en train de forcer son plus grand concurrent à s'adapter aux vraies volontés du consommateur», a lancé Isabelle Dessurault, porte-parole du câblodistributeur québécois.

Automne décisif

Selon l'analyste Kevin Restivo, c'est l'automne prochain qu'on saura réellement jusqu'où Bell est prête à abaisser ses prix.

La déréglementation de la téléphonie résidentielle promulguée le mois dernier par le ministre Maxime Bernier commencera alors à s'appliquer dans certains marchés, dont Montréal et Toronto.

«C'est là que les consommateurs, particulièrement au Québec, verront dans quelle mesure ces bouquets de services (de Bell) sont concurrentiels par rapport à ceux de Vidéotron», a dit M. Restivo.

La guerre de prix ne sera pas trop féroce, croit toutefois l'analyste. D'après lui, Vidéotron ne pourra descendre en deçà des prix qu'il pratique déjà, et Bell ne pourra offrir de tarifs plus bas que ceux de Vidéotron.

Kevin Crull, président des services résidentiels de Bell, tient à souligner que même les clients existants peuvent profiter des nouveaux bundles. Ainsi, tous ceux qui ont aujourd'hui au moins deux services chez Bell n'ont qu'à appeler au service à la clientèle pour voir leur facture réduite, a-t-il affirmé.