Si vous êtes à la recherche d'entreprises solides offrant de bons rendements à long terme, surveillez celles qui rachètent continuellement leurs actions.

Si vous êtes à la recherche d'entreprises solides offrant de bons rendements à long terme, surveillez celles qui rachètent continuellement leurs actions.

Voilà le conseil de Guy Le Blanc, gestionnaire de portefeuilles expérimenté et auteur du best-seller La Bourse ou la vie.

«Au-delà du rendement des dividendes, les investisseurs doivent aussi regarder les rachats d'actions», dit le fondateur de Cote 100.

La raison est simple: les sociétés sont les mieux placées pour savoir si leur titre ne se transige pas à sa juste valeur.

Quand c'est le cas, certaines entreprises utilisent une partie de leurs liquidités disponibles pour en acheter, ce qui a pour effet de diminuer le nombre de titres en circulation. Du coup, les actions restantes prennent de la valeur.

«Les rachats sont encore plus intéressants que les dividendes puisqu'ils ne sont pas imposés fiscalement, explique M. Le Blanc. De plus, ils ont un effet permanent puisque le nombre d'actions est réduit et les profits par action sont conséquemment améliorés.»

Pour voir l'effet de cette stratégie, le gestionnaire a sélectionné des entreprises qui ont racheté une partie de leurs titres l'an dernier.

Le diffuseur Astral Media, propriétaire de Super Écran, de MusiquePlus et des réseaux Énergie et RockDétente, a racheté 92,4 millions de dollars d'actions en 2006. Sur une valeur boursière de 2 milliards, il s'agit d'un rendement équivalent à 4,2%.

Pendant ce temps, elle a versé 16,1 millions de dollars en dividendes (0,8%).

Ce faisant, ces deux politiques ont procuré un rendement total de 5% pour les actionnaires d'Astral Media.

Pour sa part, la société de transport ferroviaire Canadien National a offert un rendement total de 7,6% pour ses actionnaires.

De ce nombre, le rachat de 1,7 milliard de dollars d'actions équivalait à un rendement de 6,5%.

De son côté, la pétrolière EnCana a fait des achats encore plus importants l'an dernier.

Elle a déboursé 4,2 milliards pour mettre la main sur une partie de ses titres. Cela équivaut à un rendement de 11,4%.

«C'est une somme importante qui s'explique par le fait qu'EnCana a vendu des actifs l'an dernier», souligne Guy Le Blanc.

Cela dit, ajoute-t-il, la pétrolière poursuit quand même sa politique puisqu'elle a acheté pour 630 millions de dollars d'actions dans les deux premiers mois de l'année.

«Idéalement, il faut se concentrer sur les sociétés qui rachètent de façon constante car c'est le signe d'une société saine et solide, dit le spécialiste. Mais on peut aussi garder l'oeil sur les rachats massifs même s'il s'agit d'un événement occasionnel.»

Par exemple, il rappelle que le transporteur Transat A.T. a racheté l'équivalent de 16% de ses actions en circulation l'an dernier. Depuis, le titre a progressé de 70%.

«L'effet a long terme subsistera si la compagnie ne procède pas à une émission ou n'émet pas d'options car il y aura indéfiniment 16% d'actions de moins en circulation», dit-il.

Guy Le Blanc signale que la plupart des entreprises établissent un programme de rachat mais qu'il n'est pas utilisé par tous. Même si le phénomène a pris de l'ampleur depuis les cinq dernières années, il est beaucoup plus populaire auprès des sociétés américaines que canadiennes.

Durant le troisième trimestre de 2006, précise-t-il, les sociétés formant le S&P 500 américain ont établi des records de rachat avec une progression de 35% sur l'année précédente et de 140% sur 2004.

Par ailleurs, les rachats d'actions constants ne garantissent pas que le cours de l'action s'envolera automatiquement pendant l'année.

«Toutefois, les sociétés dont le rendement total aux actionnaires (rachats et dividendes) est élevé offrent un meilleur gage de réussite à long terme», dit-il.

Une étude menée auprès des compagnies américaines montrent que celles qui ont le rendement aux actionnaires le plus élevé affichent une performance boursière supérieure à leur indice.

«C'est un rendement additionnel qui peut faire une énorme différence à long terme», souligne M. Le Blanc.