L'Opep, inquiète de la chute des cours du pétrole, est parvenue à un consensus pour une réduction de sa production d'un million de barils par jour, qu'elle doit encore répartir entre ses membres, a déclaré mercredi à l'AFP le président en exercice du cartel.

L'Opep, inquiète de la chute des cours du pétrole, est parvenue à un consensus pour une réduction de sa production d'un million de barils par jour, qu'elle doit encore répartir entre ses membres, a déclaré mercredi à l'AFP le président en exercice du cartel.

"Tous les (11 pays) membres sont d'accord pour 1 million" de barils par jour (mbj) de baisse de la production, a indiqué le Nigérian Edmund Daukoru. Il avait proposé cette mesure dans une lettre à ses pairs dimanche.

Le plafond est actuellement fixé à 28 millions de barils par jour, et la production réelle de l'Opep (hors Irak, exclu du système des quotas) est estimée à 27,8 mbj.

Le président du cartel a émis l'espoir d'obtenir rapidement un consensus sur la répartition de la baisse entre les pays, soulignant que la réduction entrerait en vigueur sur les contrats d'octobre et serait "répercutée à partir du mois prochain".

Le ministre qatari de l'Energie, Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah, a confirmé de son côté que "le cartel annoncera officiellement dans les prochains jours une réduction de 1 mbj (...) pour retirer de l'offre les quantités dont le marché international n'a pas besoin". Mais selon lui, cette baisse porterait sur la "production effective" de brut.

Les ministres pourraient donc encore décider de ne faire varier que la production réelle, sans toucher au plafond formel.

Un assistant du président de l'Opep a indiqué sous couvert d'anonymat que l'Opep ne convoquerait finalement pas de "réunion d'urgence", contrairement à ce qu'elle envisageait depuis plusieurs jours. La baisse ne sera pas "une +décision OPEP+, mais prise par chaque Etat membre sur une base volontaire", a-t-il affirmé.

Interrogé par l'AFP, le secrétariat de l'Opep à Vienne n'a pas confirmé d'accord dans l'immédiat.

Cela fait à présent plus de deux semaines que le marché guette un signal clair de l'Opep en réaction à la dégringolade des cours, qui ont chuté de quelque 25% depuis deux mois.

Jusqu'ici, il n'avait guère pu s'appuyer que sur des déclarations contradictoires d'un pays à l'autre, ou sur des décisions individuelles de réduire la production de la part de membres comme le Nigeria et le Venezuela, le tout entouré de beaucoup de rumeurs.

Le marché semblait d'ailleurs toujours peu décidé à sortir de son scepticisme mercredi.

Les cours se sont stabilisés suite aux annonces, évoluant autour de 58,60 USD pour le baril de "light sweet crude", après avoir fait une incursion sous les 58 dollars dans la matinée.

"L'incertitude demeure sur la détermination de l'Opep à procéder à une réduction importante de sa production", a observé Kevin Norrish, analyste chez Barclays Capital.

"Il n'y a pas encore d'indication claire sur la quantité de pétrole qui serait retiré du marché, par qui, et en partant de quel niveau de production", a-t-il souligné. "Le marché interprète ceci comme un manque de détermination de l'Opep à réellement réduire sa production, ce qui explique la faiblesse des prix".

Une baisse des quotas à 27 mbj ne reviendrait en réalité qu'à réduire de 500.000 barils par jour l'offre réelle des membres de l'Opep, puisqu'ils ne respectent pas leur quota actuellement.

L'Agence internationale de l'Energie (AIE), conçue après le 1er choc pétrolier pour contrer l'influence de l'Opep, a estimé mercredi dans son rapport mensuel d'octobre que les tergiversations récentes de l'Opep s'expliquent par le fait qu'elle est en plein "dilemme" car une baisse de production risquerait contre toute attente de provoquer un nouvel accès de baisse des cours.

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