La justice britannique a rendu vendredi une décision rare en condamnant pour diffamation un journal tabloïd, le News of the World, qui avait accusé d'adultère un député régional écossais.

La justice britannique a rendu vendredi une décision rare en condamnant pour diffamation un journal tabloïd, le News of the World, qui avait accusé d'adultère un député régional écossais.

Tommy Sheridan, ancien dirigeant du parti socialiste écossais (SSP), a obtenu 200.000 livres (300.000 euros) en dommages-intérêts.

Les journalistes du News of the World, version dominicale du Sun (groupe Murdoch), "sont des menteurs et nous l'avons prouvé", a exulté l'homme politique à l'annonce du verdict.

La loi britannique n'assure pas une protection stricte de la vie privée face aux articles de presse, rendant difficiles les procès contre une presse populaire friande de révélations croustillantes sur les "people" et le personnel politique.

Les trois semaines du procès au tribunal civil d'Edimbourg ont été une bataille de témoignages. Le News of the World, le plus fort tirage des journaux populaires dominicaux avec en moyenne 3,47 millions d'exemplaires, a tenté de prouver ses allégations. Le député les a démenties farouchement et dénoncé "un immense coup monté" contre lui.

Dans une série publiée à partir de novembre 2004, le News of the World avait affirmé que M. Sheridan trompait sa femme épousée en 2000, qu'il se rendait dans un club échangiste et qu'il participait à des orgies.

Le juge avait demandé au jury d'examiner l'exactitude de ces allégations, qui avaient conduit le député à quitter la tête du parti dont il avait été l'un des fondateurs.

Après les premières dénégations de Tommy Sheridan, le News of the World avait payé 20.000 livres (30.000 euros) une ancienne prostituée pour une interview dans laquelle elle affirmait avoir eu une liaison de quatre ans avec l'homme politique. Une troisième femme, ancienne membre du parti SSP, a évoqué pendant le procès une relation qu'elle aurait eu avec M. Sheridan.

Enfin Anvar Khan, la journaliste qui a rédigé les articles, était elle-même une ancienne petite amie du député, à l'époque où il était célibataire.

En mai, un dirigeant du SSP a été brièvement emprisonné pour avoir refusé de livrer à la justice un procès-verbal d'une réunion du parti, dans lequel, affirmait la défense du News of the World, le député aurait reconnu que les allégations étaient vraies mais décidait de les nier malgré tout.

cs/pl/clr