La direction et les actionnaires du groupe EADS se sont rendus coupables d'«un délit d'initiés massif» et l'État français connaissait la situation, selon une «note préliminaire» de l'Autorité des marchés financiers transmise à la justice.

La direction et les actionnaires du groupe EADS se sont rendus coupables d'«un délit d'initiés massif» et l'État français connaissait la situation, selon une «note préliminaire» de l'Autorité des marchés financiers transmise à la justice.

Le quotidien Le Figaro révèle que ce document, que l'AMF «vient de transmettre au parquet de Paris», conclut à «un délit d'initiés massif commis entre novembre 2005 et mars 2006, avant que les difficultés d'Airbus ne soient rendues publiques et que l'action d'EADS s'effondre».

Le rapport est «accablant pour les groupes Lagardère, DaimlerChrysler, actionnaires d'EADS, ainsi que pour les principaux dirigeants du groupe européen et de sa filiale Airbus» qui ont vendu les actions avant de rendre tardivement publiques les difficultés d'Airbus, ce qui a provoqué un effondrement des cours.

Toujours selon le Figaro, «le ministère des Finances également informé des difficultés à venir, a pourtant donné, à l'époque, son feu vert à la vente des actions détenues par Lagardère».

L'AMF - le gendarme de la Bourse - s'est concentré «sur les seuls hauts dirigeants d'EADS et Airbus, et les actionnaires du premier, soit vingt-et-une personnes» alors que «1200 initiés ayant vendu plus de 10 millions de titres (...) et empoché près de 90 millions d'euros de plus-values» avaient d'abord été débusqués.

Le document souligne que «14 des 21 personnes n'avaient jamais vendu d'actions avant novembre 2005», ceci étant pour l'AMF une «preuve de l'absence de confiance dans la poursuite et la progression du cours».

DaimlerChrysler et Lagardère ont vendu chacun 7,5% du capital le 4 avril 2006 en choisissant la «vente à terme, c'est-à-dire réalisée en 2007 pour bénéficier des nouvelles mesures fiscales favorables, mais sur la base des cours de 2006», précise le quotidien.

Pour l'AMF ceci «témoigne d'une anticipation par les deux actionnaires d'EADS d'une baisse future du cours».

L'État français, actionnaire à 15% d'EADS, y est représenté par l'APE (Agence des participations de l'Etat).

A l'issue d'une réunion en décembre 2005 entre dirigeants d'EADS et l'APE une note aurait été envoyée à Thierry Breton, alors ministre français des Finances, lui signalant «qu'il était opportun pour l'État de profiter de la valorisation du titre de l'époque qui n'intégrait que les nouvelles positives de l'exercice écoulé» et proposait «une cession partielle de la participation de l'État» selon les révélations de l'auteur de la note à l'AMF.

Le Figaro souligne que les nouveaux éléments apportés par le rapport de l'AMF devraient permettre à «la juge d'instruction Xavière Siméoni de faire avancer ses propres investigations lancées le 24 novembre 2006».