Parmi tous les scénarios possibles, l'achat par Telus (T.T) apparaît comme l'avenue la plus intéressante pour les actionnaires de Bell Canada (T.BCE).

Parmi tous les scénarios possibles, l'achat par Telus [[|ticker sym='T.T'|]] apparaît comme l'avenue la plus intéressante pour les actionnaires de Bell Canada [[|ticker sym='T.BCE'|]].

«Telus pourra offrir un prix plus élevé car, contrairement aux banques d'affaires, elle sera en mesure de capturer beaucoup de synergies, explique Marc L'Écuyer, de Cote 100. Sans compter qu'à moyen terme, les actionnaires des deux entreprises auront la chance de profiter d'une plus-value si la fusion portait fruit.»

Mais avant d'en arriver là, rappelle le gestionnaire, Telus devra déposer une offre ferme et le Bureau de la concurrence devra donner son aval à cette mégatransaction qui verrait naître un leader de la téléphonie canadienne semblable aux géants mondiaux comme France Télécom et Deutsche Telekom.

M. L'Écuyer pense que Telus pourrait offrir entre 45 et 47$ par action de BCE.

Ce serait beaucoup mieux que les 42 à 45$ l'action qu'il prévoit pour les autres prétendants composés de caisses de retraite et de banques d'affaires.

«Telus pourra améliorer l'efficacité de Bell, dit M. L'Écuyer. Les deux utilisent des plates-formes identiques et elles oeuvrent dans les mêmes secteurs, comme la téléphonie locale, les cellulaires et l'internet.»

Selon lui, il est possible d'aller chercher des synergies annuelles de 800 millions.

«De plus, la transaction aurait du sens au niveau géographique car Telus est surtout présente dans l'Ouest du pays (Alberta et Colombie-Britannique) alors que la majorité des clients de Bell sont au Québec et en Ontario», souligne le spécialiste.

Cela dit, ajoute-t-il, il est possible que l'achat par Telus soit amendé par les autorités réglementaires canadiennes.

«On pourrait l'obliger à se départir de certains actifs de Bell, comme ceux liés au cellulaire, avance Marc L'Écuyer. Mais cela rendrait la transaction un peu moins intéressante.»

Le gestionnaire rappelle que 44% des revenus de Telus (8,7 milliards en 2006) proviennent de la téléphonie sans fil, un secteur très rentable et en forte progression.

En comparaison, seulement 20% des revenus de Bell (18,5 milliards en 2006) découlent de ce secteur d'activité (Bell Mobilité).

Le gestionnaire signale que trois autres groupes ont aussi montré de l'intérêt pour Bell.

En avril, l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada, la Caisse de dépôt et placement du Québec et la firme américaine d'investissements Kolhberg, Kravis & Roberts ont été les premiers à s'avancer.

Le mois suivant c'était au tour du regroupement de l'américaine Cerberus Capital, de la caisse de retraite des employés d'hôpitaux de l'Ontario et de l'homme d'affaire de Hong Kong, Richard Li, un citoyen canadien.

Au début juin, la caisse de retraite des enseignants de l'Ontario, Teachers, le principal actionnaire de Bell avec 6,3% du capital-actions, entrait en piste en s'associant avec Providence Equity Partners, une firme américaine spécialisée en placement dans les télécoms.

«Quoiqu'il arrive, Teachers sortira gagnante, dit Marc L'Écuyer. Soit qu'elle remporte la mise ou qu'elle profite d'une surenchère en tant qu'actionnaire.»

Par contre, si les grands investisseurs institutionnels mettent la main sur Bell les actionnaires boursiers ne pourront plus profiter de la croissance de l'entreprise car elle sera privatisée, précise le gestionnaire.

«Ils recevront 42 ou 45$ l'action et ce sera fini, dit-il. Par contre, d'ici trois ans quand le ménage sera complété le titre pourrait valoir plus.»

M. L'Écuyer souligne que les investisseurs institutionnels réaliseraient la transaction, évaluée à 35 milliards, par endettement.

Pour y arriver, ils pourraient émettre l'équivalent d'une vingtaine de milliards en obligations à haut risque (sans compter sa dette actuelle de 13 milliards), ce qui ne plaît pas aux détenteurs actuels d'obligations de Bell.

«Cette façon de faire permet d'accroître automatiquement la rentabilité mais il augmente le niveau de risque pour l'entreprise, dit-il. Avec un tel niveau d'endettement, Bell n'aurait plus de coussin de sécurité.»