Le piratage, voilà l'ennemi. Ellis Jacob, président de Cineplex Divertissement le dit sans ambages. Le piratage nuit beaucoup à l'industrie du cinéma.

Le piratage, voilà l'ennemi. Ellis Jacob, président de Cineplex Divertissement le dit sans ambages. Le piratage nuit beaucoup à l'industrie du cinéma.

«Le piratage est certainement ce qui m'empêche de dormir sur mes deux oreilles», affirme-t-il.

C'est lors de la grande fête de baptême de l'ancien cinéma Paramount, rue Sainte-Catherine, à Montréal, que La Presse a pu rencontrer Ellis Jacob jeudi soir. On doit à cet homme d'affaires avisé la fondation de Cineplex Galaxy en 2003, l'acquisition en 2005 de Famous Player, et, cette année, le partenariat entre Cineplex et une grande banque canadienne.

Bref, tout parait sourire à Ellis Jacob et aux salles de cinéma de Cineplex. Tout, sauf le piratage et le marché noir de films copiés sur DVD. «Quarante pour cent des films piratés aux Canada le sont au Québec. C'est vraiment un gros problème», explique-t-il.

Les dommages imputés au piratage sont considérables. Au Canada, l'industrie perd chaque année entre 200 et 300 millions, estime M. Jacob. Quant au reste du monde, le montant des sommes perdues a de quoi donner le vertige: entre six et huit milliards ne rentrent ni dans la poche des studios, des distributeurs ou dans les caisses de l'État, mais dans celles des pirates.

Le Canada fait figure de mauvais élève en terme de lutte contre le piratage aux yeux de nos voisins du Sud. En effet, la loi Canadienne ne punit pas le fait de filmer dans les salles obscures, mais seulement la commercialisation des films. L'intention n'est pas exactement ce qu'il y a de plus facilement prouvable.

En janvier, les studios hollywoodiens avaient menacé les propriétaires de salles de retarder la sortie canadienne des films américains. Le Canada représente 20 % du marché intérieur américain.

«Cela n'aurait vraiment aucun sens. Le Canada est si près des États-unis, et le public est habitué à avoir les films tout de suite. Cela serait vraiment dommage de voir les films avec une ou deux semaines de retard», déplore Ellis Jacob.

Si, pour le moment, la menace n'a pas encore été mise à exécution par les studios, elle a en revanche été prise au sérieux par les propriétaires de salles de cinéma. «Nous travaillons avec le gouvernement pour changer la loi, rendue désuète par les changements technologiques», poursuit Ellis Jacob.

En attendant, Cineplex veille à ce que les spectateurs de ses 1290 salles ne se servent pas de leurs caméras lors des premières projections d'un film. Mais l'efficacité des fouilles reste toute relative.

«Peut-être que nous fouillons 2000 ou 3000 personnes pour n'en attraper finalement que deux. Ce n'est pas beaucoup mais c'est essentiel, tout comme les fouilles dans un aéroport», juge-t-il.

Les contrôles restent un pis-aller. «Je ne suis pas heureux, en tant que président de compagnie, de mettre des gardes de sécurité de partout. Les gens viennent au cinéma pour se détendre, pas pour avoir le sentiment d'être dans un avion», dit Ellis Jacob.