Au rythme où les coûts augmentent, les personnes âgées n'auront bientôt plus les moyens de se payer une chambre dans une résidence.

Au rythme où les coûts augmentent, les personnes âgées n'auront bientôt plus les moyens de se payer une chambre dans une résidence.

Le gouvernement devra intervenir et fournir de l'aide à long terme à ces aînés, ont déclaré mardi plusieurs promoteurs de résidences pour retraités au cours du Sommet immobilier de Montréal organisé par l'Institut de développement urbain du Québec.

Avec l'arrivée des baby-boomers à l'âge de la retraite, la demande deviendra forte pour les résidences conçues à leur intention, mais tous n'auront pas les moyens de s'y payer une chambre, selon eux.

«La moitié des personnes âgées du Québec ne disposeront pas de caisse de retraite, ni de maison à vendre», souligne Luc Maurice, président de Gestion immobilière Luc Maurice.

«Leurs revenus annuels se limiteront à 15 000 $, soit 1300 $ par mois. Il leur restera 800 $ par mois pour se loger», soit la moitié d'un loyer de 1500 $ dans une résidence, explique Luc Maurice.

«L'industrie des résidences pour aînés va donc rencontrer un obstacle de taille d'ici cinq ans, car ses coûts augmentent beaucoup plus vite que l'inflation.»

Et ce coût de 1500 $ par mois ne s'applique qu'aux retraités n'ayant pas besoin de soins de santé coûteux, qui triplent la facture mensuelle, précise Annie Lemieux, vice-présidente du développement immobilier au Groupe LSR.

La cohorte des retraités nés au cours de la Grande Dépression de 1929 est plus modeste que celle des baby-boomers d'après 1945. Ils ont donc pu trouver des bons emplois et disposent de revenus pour se loger dans une résidence pour aînés, déclare Jean Bourcier, président de Gestion immobilière Maestria et Résidences Allegro.

Villages protégés

L'industrie des résidences pour aînés a commencé à discuter avec le gouvernement, mais ça prend du temps, selon Jean Bourcier.

«Il faudrait une entente blindée à long terme, pas pour un mandat électoral de quatre ans», selon Luc Maurice. «Ni pour un an», renchérit Jean Bourcier.

La ville pourrait donner le terrain pour la construction d'une résidence pour personnes âgées moins fortunées ou «le gouvernement pourrait payer les soins pour les aînés, comme en Europe depuis plus de 30 ans », évoque Annie Lemieux.

«Le retraité ne paierait que pour le loyer. On n'aura pas d'autre choix que d'aller dans cette direction», selon elle.

Les spécialistes des résidences pour retraités doutent fort par ailleurs du potentiel de marché, au Québec, pour les villages protégés (gated communities).

Aux États-Unis, ces quartiers clôturés misent sur la sécurité en raison de la forte criminalité, selon Annie Lemieux.

«Ce concept ne correspond pas aux besoins du Québec», enchaîne Jean Bourcier.

«Ça existe ailleurs au Canada, à Niagara Falls, en Ontario, de même qu'à Kelowna et Victoria, en Colombie-Britannique, soit des villes qui sont des destinations, croit Luc Maurice. Aux États-Unis, ces quartiers protégés offrent une destination à une population plus mobile, plus à droite et qui aspire à la sécurité d'un milieu homogène parce qu'elle se retrouve loin de sa famille. Mais ce concept n'a pas d'avenir au Québec.»