Les sans-travail se préparent tous à répondre à la "question qui tue" des recruteurs. Par contre, ils n'arrivent jamais totalement à accepter le "silence qui tue" de certains d'entre eux.

Les sans-travail se préparent tous à répondre à la "question qui tue" des recruteurs. Par contre, ils n'arrivent jamais totalement à accepter le "silence qui tue" de certains d'entre eux.

Georges connaît par cur toutes les formules utilisées par les entreprises pour ne pas être embêtées par les chercheurs d'emploi, comme les "Prière de ne pas téléphoner" ou "Seuls les candidats retenus seront contactés".

"Je respecte ces consignes. Je peux comprendre que les responsables de l'embauche soient débordés par le haut volume de candidatures. Ce qui me choque, c'est le mensonge, les faux espoirs et, surtout, le silence qui suit les entrevues ou les tests", dit-il.

Georges a contacté La Presse pour dénoncer des comportements, qu'il juge inacceptables, auxquels il s'est heurté depuis le début de sa recherche intensive d'emploi, il y a quelques semaines.

Ce chercheur d'emploi est détenteur d'un baccalauréat et possède de l'expérience sur le marché du travail. Il dit poser sa candidature uniquement pour les postes qui correspondent à son profil. Il reconnaît également que plusieurs organisations traitent avec respect et professionnalisme leurs candidats, principalement en les informant et en leur donnant l'heure juste.

Sa grogne est principalement dirigée vers les agences de placement. "On ne retourne pas mes messages. On jure ne pas avoir reçu mon curriculum vitae, même si j'ai en main une confirmation de réception de fax et de courriel. On fait passer des entrevues ou des tests pendant une ou deux heures et, après, c'est le silence. On laisse entendre que mes chances d'obtenir l'emploi sont excellentes et après, c'est encore le silence", raconte-t-il.

Ces doléances, présentées en condensé par Georges, reviennent régulièrement aux oreilles des conseillers des centres et clubs de recherche d'emploi. Une partie de leur travail consiste même à aider les candidats à contourner ces difficultés, à s'y adapter et à y survivre...

"Pour un chercheur d'emploi, le manque d'information ou de rétroaction de la part des employeurs crée de l'angoisse, sème le doute et fait diminuer l'estime de soi, déjà fragile chez les sans-travail", explique David, un conseiller en emploi actif dans le sud-ouest de Montréal.

"Lorsqu'un employeur informe les candidats, donne l'heure juste et va jusqu'à expliquer les raisons de son refus, il améliore son image tout en permettant aux chercheurs d'emploi de s'ajuster", poursuit-il.

Au cours des dernières années, David a observé que plusieurs organisations, principalement les grandes, ont développé des méthodes de recrutement qui intègrent information et transparence.

Dès la réception d'un curriculum vitae, le candidat est prévenu par courriel ou par lettre qu'on l'a bien reçu. Cette confirmation est accompagnée d'informations sur la prochaine étape du processus et son échéancier. On peut indiquer, par exemple, qu'ils seront contactés si leur candidature est retenue dans les 15 jours.

Lors de la convocation pour des tests ou des entrevues, les candidats apprennent qui sera à la rencontre et sur quels points porteront les échanges. À cette étape également, ils seront informés du reste du processus et de son échéancier.

"Le respect des échéanciers est particulièrement important. Certains chercheurs d'emploi ratent des occasions parce qu'ils attendent trop longtemps des bonnes nouvelles qui ne viendront pas. De plus, lorsque c'est possible, le candidat qui n'a pas été retenu après une entrevue devrait en connaître les raisons", résume David.

Des solutions adaptées à ses moyens

Clément Arnaud, conseiller stratégique en ressources humaines pour le Centre de recherche d'emploi de l'est de Montréal, comprend les doléances des sans-travail, mais il est également très conscient du manque de temps et de ressources de plusieurs organisations, particulièrement les PME.

Il croit néanmoins que quelques mesures simples et peu coûteuses pourraient concilier les aspirations et les besoins de chacun. Il croit notamment à l'envoi, par courriel ou par lettre, d'un avis de réception accompagné d'informations sur les prochaines étapes du processus de recrutement à tous ceux qui posent leur candidature. La communication écrite pourrait également être utilisée pour informer les candidats non retenus après une entrevue.

M. Arnaud suggère également aux entreprises qui recrutent la tenue de "portes ouvertes" à l'intention des chercheurs d'emploi, une fois l'an ou en période d'embauche.

"Ce genre d'activité ne coûte pas cher et permet des contacts directs entre recruteurs, gestionnaires et candidats. Ces contacts entre êtres humains éliminent beaucoup de frustrations de la part des chercheurs d'emploi, sauvent du temps aux entreprises et améliorent leur image", dit M. Arnaud.