L'homme d'affaires Robert Roch Baillargeon, proche des Hells Angels, fait partie des clients du financier Martin Tremblay, a appris La Presse Affaires.

L'homme d'affaires Robert Roch Baillargeon, proche des Hells Angels, fait partie des clients du financier Martin Tremblay, a appris La Presse Affaires.

Le printemps dernier, " Ti-Bras" Baillargeon a plaidé coupable à Montréal d'avoir fait des prêts à taux usuraires. Il a été condamné à une peine de 12 mois à purger dans la communauté, à laquelle s'est ajoutée la confiscation de certains actifs, dont 1,2 million de dollars en argent liquide.

Dans une autre affaire, Baillargeon, 55 ans, est accusé d'avoir mené des activités de prêts usuraires avec des membres des Hells Angels. Parmi les Hells connus figurant dans l'accusation se trouvent Normand Labelle, Jacques Émond et Jean-Paul Ramsay.

La Presse Affaires a mis la main sur la liste des clients de Tremblay et de son entreprise Dominion Investments (Nassau), des Bahamas. La liste des 146 clients de Tremblay a été déposée en Cour par la police américaine, qui accuse le financier québécois de blanchiment d'argent.

Parmi les clients se trouveCrosswinds Holdings, une entreprise dont le bénéficiaire est justement le prêteur usuraire Robert Baillargeon, selon nos informations. Une source policière nous avait d'ailleurs indiqué que l'homme d'affaires était l'un des clients de Dominion Investments.

Robert Roch Baillargeon, de Terrebonne, s'est notamment fait connaître comme financier du Studio Bromont, le projet de studios de cinéma lancé en 2002 dans l'ancienne usine Hyundai, à Bromont. Le projet a finalement avorté. L'un de ses partenaires était Benoit Laliberté, le président déchu de la firme techno Jitec.

Ce n'est pas la première fois qu'un rapprochement est fait entre les Hells Angels et Martin Tremblay ou sa firme Dominion Investments. En 2002, la GRC avait déclaré : "Dominion Investments est une entreprise bahamienne de blanchiment d'argent ayant des liens avec les Hells Angels."

Déclaration de la GRC

La GRC avait fait cette déclaration écrite en Cour supérieure dans le cadre d'une enquête sur un certain Daniel Pelchat, accusé d'avoir exporté du GHB, la drogue du viol. Daniel Pelchat est un client de Dominion Investments, par le truchement de l'entreprise Appleberry, soutient le procureur général des Bahamas, dans un document que nous avons obtenu.

À la suite de cette déclaration, Martin Tremblay a poursuivi la GRC en dommages et intérêts pour 6,35 millions US. Il affirme que la GRC a transmis des renseignements faux aux autorités américaines et à certaines institutions financières, qui lui ont porté préjudice. La poursuite est pendante.

Dans la liste des clients de Tremblay figure également Pierre Dubeau, que les policiers américains décrivent comme un trafiquant de drogue du Québec. Dubeau est l'un des conspirateurs non accusés dans l'affaire Tremblay.

On trouve aussi le nom de Michel Marcoux dans la liste. À Montréal, le président d'une firme de placements connue, Avantages services financiers, s'appelle Michel Marcoux.

Joint au téléphone, Michel Marcoux soutient qu'il n'est pas client de Dominion Investments aux Bahamas, qu'il ne s'agit pas de lui. C'est plutôt Tremblay qui était client d'Avantages services financiers, dit-il, c'est-à-dire qu'il utilisait les services d'Avantages pour l'achat de fonds communs au Canada pour ses propres clients.

En janvier dernier, peu après l'arrestation de Tremblay, les comptes d'Avantages services financiers liés à Tremblay ont été gelés par l'Autorité des marchés financiers (AMF). À l'époque, Michel Marcoux avait reconnu faire affaire avec Tremblay, mais disait ne pas être au courant de ses présumés agissements.

Parmi les autres clients de la liste figurent plusieurs noms québécois. Globalement, l'actif sous gestion de Dominion Investments et Martin Tremblay est d'environ trois quarts de milliards de dollars, nous a indiqué la mère de Martin Tremblay, Danielle Vaillancourt.