JSR2 Aérospatiale est un phénomène rare dans l'industrie aéronautique québécoise. Il ne s'agit pas d'une entreprise conventionnelle. Il s'agit plutôt d'un partenariat forgé par quatre petites entreprises québécoises qui ont décidé d'unir leurs forces pour monter à l'assaut des grands donneurs d'ordres.

JSR2 Aérospatiale est un phénomène rare dans l'industrie aéronautique québécoise. Il ne s'agit pas d'une entreprise conventionnelle. Il s'agit plutôt d'un partenariat forgé par quatre petites entreprises québécoises qui ont décidé d'unir leurs forces pour monter à l'assaut des grands donneurs d'ordres.

Et c'est justement ce que les grands donneurs d'ordres désirent: faire affaire avec un petit nombre d'intégrateurs, plutôt qu'avec une multitude de petits fournisseurs. Le problème, c'est que les JSR2 Aérospatiale ne sont pas encore légion.

L'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA) essaie de favoriser les regroupements. C'est aussi l'un des cinq grands objectifs de la nouvelle Grappe aérospatiale du Montréal métropolitain, un organisme sans but lucratif lancé en mai dernier qui comprend des représentants de l'industrie, de diverses institutions impliquées en aérospatiale et des gouvernements.

"Il faut absolument que ça se produise, lance Michel Legault, directeur du développement des affaires chez Bell Helicopter Textron Canada. Ce n'est pas qu'il n'y a pas eu d'efforts ces dernières années autant du côté des gouvernements que de l'AQA, mais on n'a pas vu de grands résultats."

Perdre ses réticences

Plusieurs dirigeants de PME rencontrés par La Presse Affaires au cours des dernières semaines se sont montrés peu enthousiastes à l'idée de se regrouper.

Chaque entreprise a sa spécialité, sa niche, et ne ressent pas le besoin de s'allier. Tout au plus, certaines entreprises, comme Welding Aerospace, envisagent de former des partenariats dans un avenir plus ou moins éloigné avec des entreprises oeuvrant dans des secteurs un peu différents.

"Mais faire des investissements avec eux? Non", tranche Fabien Digenova, vice-président de Welding, entreprise de Blainville spécialisée dans la fabrication et la révision de composantes aéronautiques.

Seule exception, Héroux-Devtek, important fabricant de composantes aéronautiques, notamment de trains d'atterrissage, est un grand partisan des partenariats.

"Nous l'avons fait à quelques reprises et nous sommes prêts à continuer à le faire, surtout dans le cadre des retombées industrielles (rattachées aux contrats militaires qu'Ottawa devrait accorder à Boeing et Lockheed Martin)", affirme le président d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé.

Il estime que les entreprises auraient avantage à se regrouper pour faire des propositions conjointes à ces grands donneurs d'ordre.

"Nous sommes prêts à jouer un rôle de leadership de ce côté-là avec notre taille, avec notre notoriété dans le milieu", déclare-t-il.

Les retombées industrielles liées aux contrats militaires du gouvernement Harper représentent une occasion en or.

"Une occasion comme celle-là se présente une fois aux 30 ans", estime-t-il.

Michel Legault, de Bell Helicopter, affirme que les plus belles réussites de regroupement ont été réalisées lorsque des investisseurs de l'étranger sont venus développer de petites entreprises d'ici. C'est ainsi que se sont établies des entreprises comme Mecaer, Mecachrome ou Sonaca.

"Certains diront que ce sont des compagnies étrangères, mais c'est quand même intéressant", déclare M. Legault.

"Et nous, en tant que filiale de Bell Helicopter (une entreprise américaine), nous n'avons pas de problèmes avec ça. Ça représente peut-être une des pistes de solution pour aller là où nous voulons aller."