Le PDG de Cogeco (T.CGO), Louis Audet, a assuré jeudi qu'il ne s'inquiétait pas de la vive concurrence que s'apprête à lui faire Rogers dans la banlieue éloignée de Toronto.

Le PDG de Cogeco [[|ticker sym='T.CGO'|]], Louis Audet, a assuré jeudi qu'il ne s'inquiétait pas de la vive concurrence que s'apprête à lui faire Rogers dans la banlieue éloignée de Toronto.

La semaine dernière, le géant torontois a déposé une requête au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) afin de demander la permission d'étendre son réseau de câblodistribution dans le nord du comté de Halton, situé entre Toronto et Guelph.

Des études démographiques projettent qu'au cours des dix prochaines années, la moitié de la croissance de la population dans la grande région de Toronto - 1 million de personnes ou 400 000 foyers - se concentrera dans ce secteur, d'où le vif intérêt de Rogers.

Or Cogeco, qui est déjà le câblodistributeur de la région, entend elle aussi déployer son réseau dans le nord du comté de Halton afin de desservir les nouveaux arrivants. Ainsi, pour la première fois dans l'histoire canadienne, deux entreprises de câble pourraient se faire concurrence sur le même territoire.

Cogeco s'attend en effet à ce que le CRTC donne le feu vert à Rogers, qui invoque l'arrivée prochaine de Bell Canada dans le domaine de la télévision pour justifier sa demande.

«C'est naturel qu'ils (Rogers) s'y intéressent. Nous nous y intéressons déjà», a déclaré M. Audet dans une entrevue accordée jeudi à La Presse Canadienne, en marge d'une conférence d'investisseurs organisée par Marchés mondiaux CIBC à Mont-Tremblant.

«Nous réussissons déjà très bien lorsque nous concurrençons Bell dans les nouveaux lotissements, a-t-il ajouté sur un ton posé. Si nous avons un concurrent de plus dans ce secteur-là, nous allons y faire face, et je ne vois pas pourquoi nous n'aurions pas de succès.»

Louis Audet a fait remarquer que Cogeco était familière avec cette situation depuis l'acquisition, l'année dernière, du câblodistributeur portugais Cabovisao S.A., le deuxième en importance dans le pays.

Rogers est pourtant, depuis sept ou huit ans, actionnaire de Cogeco à hauteur de 20%. Est-ce un signe que Rogers veut faire abdiquer Cogeco pour mieux la racheter? Là-dessus, M. Audet refuse de commenter.

Propriété étrangère

Par ailleurs, le PDG de Cogeco entrevoit la fin des restrictions à la propriété étrangère dans le domaine des télécommunications.

Cela fait des années que l'industrie du câble réclame l'élimination, ou à tout le moins l'assouplissement, de la limite actuelle de 46,7% qu'Ottawa impose à tout investissement étranger.

Or, ces restrictions n'ont pas nui à Cogeco puisqu'elles l'ont protégée d'acquéreurs éventuels venant d'autres pays. L'ironie du sort, c'est que la société québécoise a profité de l'absence de telles restrictions au Portugal, lorsqu'elle s'est portée acquéreur de Cabovisao.

Le PDG de Cogeco s'attend donc à ce que les restrictions canadiennes soient levées d'ici «très peu de temps», puisqu'elles constituent selon lui un «anachronisme» dans le monde d'aujourd'hui.

Le président de Rogers Cable, Edward Rogers, n'est pas du même avis. À ses yeux, les changements ne sont pas pour bientôt, loin de là. M. Rogers s'attend tout au plus à un assouplissement des règles, mais pas à leur élimination.

Peu après sa nomination comme ministre de l'Industrie, au début 2006, Maxime Bernier s'était montré ouvert à la levée des restrictions sur la propriété étrangère. Son successeur, Jim Prentice, serait cependant moins chaud à l'idée.

Le titre de Cogeco [[|ticker sym='T.CGO'|]] a clôturé jeudi à 37,80 $, en hausse de 5 cents, tandis que celui de Cogeco Câble [[|ticker sym='T.CCA'|]] a terminé la séance à 44,10 $, en hausse de 24 cents, jeudi à la Bourse de Toronto.