Cherchant à couper l'herbe sous le pied d'Alcoa (AA), la multinationale montréalaise Alcan (T.AL) aurait ouvert une salle d'information destinée à des acheteurs comme les sociétés Rio Tinto et BHP Billiton.

Cherchant à couper l'herbe sous le pied d'Alcoa [[|ticker sym='AA'|]], la multinationale montréalaise Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] aurait ouvert une salle d'information destinée à des acheteurs comme les sociétés Rio Tinto et BHP Billiton.

C'est du moins ce qu'affirme le quotidien australien Sydney Morning Herald mercredi. Invitée à réagir à de telles informations, Alcan a préféré ne pas émettre de commentaires.

Rio Tinto et BHP Billiton, respectivement britannique et australienne, sont des minières diversifiées qui travaillent déjà dans le secteur de l'aluminium. Ces deux sociétés étaient déjà vues comme des prédateurs potentiels pour acheter Alcan.

L'offre hostile de 33 G$ US faite par Alcoa ne se conclura pas de sitôt, le secteur de l'aluminium étant très corsé pour ceux qui se frottent aux projets d'acquisition.

Les deux géants miniers étrangers - BHP Billiton est numéro un mondial avec un chiffre d'affaires de 32 G$ US par année - auront donc tout le temps nécessaire pour examiner la situation d'Alcan.

En effet, les autorités réglementaires auront à statuer sur des questions de concurrence, Alcan et Alcoa détenant beaucoup d'actifs dans les mêmes secteurs. Cette mégafusion créerait un numéro un mondial redoutable dans l'aluminium, un épouvantail que les concurrents comme Rusal n'hésiteront pas à agiter.

Il faut aussi rappeler que la multinationale montréalaise avait dû s'y prendre à deux fois avant de mettre la main sur sa rivale française Pechiney. Elle s'était fait barrer la route la première fois par les autorités réglementaires en Europe. À la deuxième tentative, elle s'est départie d'actifs ciblés et a donné des garanties pour mériter un feu vert.

De plus, la transaction proposée par Alcoa a été accueillie avec beaucoup de réserve par le gouvernement québécois, qui a conclu des ententes énergétiques des plus stratégiques avec Alcan. Si Québec devait annuler ces ententes, les actifs d'Alcan dans la province perdraient une partie de leur attrait.

À cela s'ajoute la menace qu'Alcan lance sa propre offre d'achat sur sa rivale américaine.

Les mois de travail d'Alcoa pour plaider sa cause permettront aux concurrents de concocter leurs propres offres, ce qui peut entraîner une surenchère alléchante pour les actionnaires d'Alcan.

Une guerre attendue

Un analyste torontois qui a préféré garder l'anonymat confirme qu'il s'attend à un tel scénario.

«Tout le monde croit qu'il y a de fortes chances de surenchère, dit-il. BHP, Rio Tinto ainsi que la brésilienne CVRD sont les favorites dans cette affaire. Le processus s'étendra probablement jusqu'à la fin de l'année et Alcoa s'est peut-être mise en jeu, pouvant être achetée par les mêmes candidates.»¸

John Redstone, analyste de Valeurs mobilières Desjardins, fait écho à ces propos mais y ajoute une nuance. «N'importe quelle compagnie majeure qui oeuvre dans les métaux et les minesau niveau mondial doit s'intéresser à Alcan. Mais même si elles regardent les livres, ça ne garantit pas qu'elles feront des offres.»

Ce qui pourrait modérer l'ardeur des acheteurs est l'évolution cyclique du monde de l'aluminium. «C'est pourquoi ceux qui dirigent ces compagnies sont aussi bien payés: pour savoir si ce qui se produit à l'heure actuelle est soutenable, précise l'analyste. Et ça jouera un rôle dans la décision d'acheter ou non.»

Et une «solution canadienne» ?

Une «solution canadienne« est-elle envisageable pour le rachat éventuel d'Alcan étant donné la taille des concurrents qui veulent se l'accaparer ? «Rien n'est impossible mais je dirais que les chances sont très minces», résume M. Redstone.

L'action d'Alcan s'échangeait à 89,25 $ à l'ouverture à la Bourse de Toronto. Son prix oscillait autour de 65 $ avant le 7 mai, date de l'annonce de l'offre faite par Alcoa