Dernier exemple du lent déclin qui frappe le secteur montréalais des télécommunications, Belden, fabricant de câbles de réseaux informatiques, a licencié 200 employés tôt mercredi matin.

Dernier exemple du lent déclin qui frappe le secteur montréalais des télécommunications, Belden, fabricant de câbles de réseaux informatiques, a licencié 200 employés tôt mercredi matin.

Pour permettre aux employés d'absorber le choc de l'annonce, la direction de l'usine de Pointe-Claire a décidé de fermer les chaînes de montage pendant toute la journée. La production cessera pour de bon en avril prochain.

"On fonctionnait avec 40% de capacité à Montréal. Les gens se doutaient que ça ne pouvait pas se maintenir de cette façon, mais c'est toujours un choc d'apprendre qu'on va perdre son emploi", a souligné Guylaine Branchaud, directrice des ressources humaines, pendant un entretien.

Tout n'est pas perdu, cependant. Une centaine d'emplois seront conservés en recherche et développement et au service à la clientèle à Pointe-Claire, usine qui appartenait jusqu'en 1996 à Nortel.

Pour justifier l'arrêt de la production au Québec, Belden a fait valoir que les coûts de fabrication sont plus élevés ici que dans ses usines situées aux États-Unis, surtout depuis la hausse récente du huard par rapport au dollar américain. Les travailleurs qui seront remerciés gagnent entre 46 et 50$ l'heure et sont en majorité syndiqués.

Fragile équilibre

Le secteur des télécommunications est en fragile équilibre ces jours-ci à Montréal. On est loin de l'effondrement du début des années 2000, mais un lent déclin se fait sentir, ont souligné les experts que nous avons consultés.

"On n'est pas en crise, mais il y a une baisse, observable non seulement à Montréal, mais également dans l'ensemble de l'Amérique du Nord, pour la grappe des TIC (technologies de l'information), et particulièrement le manufacturier", fait remarquer Christian Bernard, économiste à Montréal International.

Un avis partagé par Réal Gauthier, spécialiste des télécommunications. "On a perdu, je dirais, 25% de nos emplois en l'espace de deux ans, entre 2000 et 2002. Depuis ce temps-là, il y a une certaine stabilité, mais une stabilité fragile, où il y a plutôt tendance à un lent recul."

Selon les données de Statistique Canada, les emplois liés à la fabrication de produits électroniques principalement du matériel de télécoms ont diminué de moitié dans le Grand Montréal depuis l'éclatement de la bulle techno.

Ainsi, le nombre d'emplois manufacturiers dans ce secteur est passé d'environ 20000 en 1997 à un sommet de 30500 au quatrième trimestre de 2000, pour ensuite retomber, à la suite d'importantes fluctuations, à 14000 au troisième trimestre de cette année.

"On sait que c'est un secteur où on n'a pas retrouvé la gloire de la fin des années 90", souligne Maxime Trottier, économiste à la Communauté métropolitaine de Montréal.

Les différents secteurs des TIC qui regroupent les télécoms, mais aussi le multimédia, le jeu vidéo et les arts numériques, notamment ne vont pas tous mal cependant. Entre 2003 et 2005, à Montréal, le sous-secteur du développement a gagné 2% d'emplois supplémentaires, pendant que celui des services en perdait 4%, et la fabrication, 4,4%, selon un document de Montréal International.

L'industrie des télécommunications continuera à fluctuer au cours des prochaines années à Montréal, mais la tendance à la baisse demeurera, selon les experts. "Il pourrait y avoir une entreprise qui ouvre un nouveau secteur d'activité ou une nouvelle technologie, ou encore l'implantation d'une entreprise étrangère et bang! ça remonte", observe Réal Gauthier. "Si les conditions de soutien au secteur (des télécommunications) ne sont pas là, ça va descendre", poursuit-il.

La fermeture prochaine des chaînes de montage de Belden constituent le dernier exemple d'une série d'annonces similaires dans le secteur des télécoms. En mars dernier, par exemple, le Groupe CGI a fait savoir qu'il abolirait 1000 emplois au Canada, dont 360 à Montréal. Il n'y a pas si longtemps, Ericsson annonçait de son côté 300 coupes d'emplois dans la métropole. Belden CDT, société américaine née en 2004 après la fusion entre Belden et Cable Design Technologies, a aussi annoncé hier la fermeture d'une deuxième usine, en Illinois celle-là. Le groupe, qui a affiché des 1,25 milliard l'an dernier, avait déjà annoncé la fermeture de deux centres de production américains en juin dernier.