«Les promoteurs d'une commission unique de valeurs mobilières font erreur. Et quand le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, et même David Dodge de la Banque du Canada dénigrent notre système, on se tire dans le pied comme Canadiens parce qu'il se classe déjà parmi les meilleurs au monde.»

«Les promoteurs d'une commission unique de valeurs mobilières font erreur. Et quand le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, et même David Dodge de la Banque du Canada dénigrent notre système, on se tire dans le pied comme Canadiens parce qu'il se classe déjà parmi les meilleurs au monde.»

C'est sur ce ton que la ministre québécoise des Finances, Monique Jerôme-Forget, a présenté mercredi à Toronto son message sur la réglementation boursière au Canada.

Elle était invitée au congrès de l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC), plus gros happening annuel d'un secteur qui gère presque 700 milliardsde dollars en placements.

Les gens de l'IFIC s'attendaient à une présentation de Mme Jerôme-Forget sur la «mise en place du régime de passeport en valeurs mobilières», le nouveau cadre réglementaire interprovincial dont le Québec est l'un des principaux instigateurs.

Mais en prime, ils ont eu droit à une sortie bien sentie de la ministre contre les tenants d'une seule commission pancanadienne.

Parmi les convives de l'IFIC, on s'échangeait des regards un peu surpris en entendant la ministre québécoise parler.

Surtout qu'en s'installant au podium, Mme Jérôme-Forget s'en est pris au quotidien torontois Globe & Mail pour son refus récent de publier sa lettre contre l'idée d'une commission unique.

«Pourtant, le Globe a publié la lettre de la présidente de l'Association des banquiers canadiens en faveur d'une commission unique», s'est-elle plainte au micro.

«Pour le Globe, donc, l'opinion de cette présidence d'Association est plus importante que celle de la ministre des Finances du Québec.»

Sur cette lancée, Mme Jérôme-Forget a repris ses propos récents au Québec envers les «mythes» sur lesquels s'appuient les promoteurs d'une commission unique.

Selon la ministre, ces gens devraient plutôt se rallier pour de bon au «régime de passeport» accepté par toutes les provinces, sauf l'Ontario.

«J'invite d'ailleurs mon collègue Gerry Phillips (ministre ontarien responsable des autorités financières) à travailler avec nous, afin que l'Ontario adhère au passeport», a dit la ministre.

«Pour notre part, au Québec, nous introduirons bientôt des éléments législatifs afin de réaliser la phase 2 du régime de passeport avant la fin de 2008, tel que prévu.»

Il y a peu de chance que le ministre Phillips lui réplique ces jours-ci. Car avec ses collègues du gouvernement McGuinty, il est en fin de campagne électorale en Ontario, pour le scrutin de mercredi prochain.

Aussi, au congrès des fonds, la veille, le président de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, David Wilson, avait dit lors d'une table ronde que «le système de passeport est peut-être un pas dans la bonne direction, mais il ne va certainement pas assez loin à notre point de vue».

Le tribunal canadien

Par ailleurs, la ministre Jérôme-Forget a aussi présenté hier à Toronto son idée d'un "tribunal canadien" pour les crimes financiers et boursiers.

Elle estime qu'il s'agirait d'un moyen de corriger les lacunes d'accusation et de condamnation des criminels financiers. Des lacunes qui, selon la ministre, relèvent d'instances sous responsabilité fédérale alors que la supervision boursière demeure "clairement" de juridiction provinciale.

Mais reste à voir si l'influent milieu financier de Toronto prêtera attention à cette idée de tribunal.

Déjà qu'en essayant de l'expliquer à des journalistes financiers torontois, après son discours, la ministre Jérôme-Forget a dû s'y reprendre à quelques reprises, avec des propos encore vagues.

"Sorry, Madame, but I'm lost. What do you mean, exactly?" lui répétaient des journalistes.