Les grandes banques canadiennes ont considérablement assoupli leurs règles, ces dernières années. Ainsi, les hypothèques traditionnelles (catégorie A) sont devenues beaucoup plus flexibles.

Les grandes banques canadiennes ont considérablement assoupli leurs règles, ces dernières années. Ainsi, les hypothèques traditionnelles (catégorie A) sont devenues beaucoup plus flexibles.

«Le A s'est étiré», constate Sylvain Boucher, président du courtier hypothécaire Nov Imm. «Si on recule de quelques années, les travailleurs autonomes étaient considérés comme des clients B. Aujourd'hui, ça dépend. C'est un mode de vie de plus en plus populaire. Les banques veulent aller chercher leur part du marché», dit-il.

En fait, les banques s'aventurent dans toutes sortes de produits plus osés, comme en témoignent les nombreux assouplissements des sociétés d'assurances prêts, dont le rôle est d'assurer les hypothèques traditionnelles, lorsque l'acheteur dispose d'une mise de fonds inférieure à 20% du prix de la maison (c'était 25%, avant le printemps dernier).

Depuis 2006, la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL) accepte d'assurer les hypothèques amorties sur une période de 40 ans, alors qu'avant elle n'allait pas plus loin que 25 ans.

Elle donne aussi sa bénédiction aux hypothèques sans aucune mise de fonds, alors qu'avant elle exigeait que les acheteurs aient réussi à épargner au moins 5%.

Autre innovation récente: les travailleurs autonomes n'ont plus besoin de fournir une preuve officielle de leurs revenus, dans le cadre du programme Option simplifiée de la SCHL.

Pour un salarié, il est simple comme bonjour de prouver ses revenus. Mais pour les travailleurs autonomes, il est difficile ou onéreux de fournir une preuve officielle d'une tierce partie, comme des états financiers vérifiés, justifie Pierre Serré, vice-président développement des produits et des affaires à la SCHL.

«Nos modèles évaluent jusqu'à quel point les revenus déclarés sont raisonnables, en fonction du métier», rassure M. Serré. Mais il ne fait pas de doute que ces hypothèques sont plus risquées, puisque la prime d'assurance prêt est deux fois plus élevées (ex: 6% du montant du prêt, par rapport à 2,75% pour un salarié qui a une mise de fonds de 5%).

Genworth Financial Canada, le concurrent de la SCHL, avait lancé un programme similaire en 2006, SolutionCrédit, afin d'accorder plus de latitude aux travailleurs autonomes, mais aussi aux personnes qui ont un historique de crédit imparfait.

Genworth a aussi élargi ses normes pour les immigrants récents qui veulent acheter une maison avec une mise de fonds de seulement 5%.

Autant d'assouplissements qui démontrent que les banques traditionnelles jouent de plus en plus dans les plates-bandes des prêteurs à risque.