L'oracle d'Omaha a parlé. Et son verdict est sans appel: choisissez les indices boursiers plutôt que les fonds communs de placement ou les fonds de couverture (hedge funds).

L'oracle d'Omaha a parlé. Et son verdict est sans appel: choisissez les indices boursiers plutôt que les fonds communs de placement ou les fonds de couverture (hedge funds).

«Un indice boursier va faire beaucoup mieux que bien des fonds communs et des fonds de couverture. Je ne suis pas capable de nommer 10 fonds qui ont toujours réussi à battre le marché.»

«Leurs rendements sont parfois meilleurs que le marché, mais ils ont des frais de gestion élevés.»

«C'est pourquoi les gens qui ne connaissent pas les milieux boursiers (the know-nothing investors) devraient acheter des indices boursiers», a dit Warren Buffett hier au cours de sa conférence de presse annuelle, en marge de l'assemblée de sa société d'investissement Berkshire Hathaway.

«Certains fonds ont de bons résultats, mais ils attirent ensuite beaucoup de capitaux rapidement et ils ne sont pas capables de garder le rythme», ajoute son vieux complice Charlie Munger, aussi vice-président du conseil d'administration de Berkshire Hathaway.

Si les indices boursiers sont si formidables, pourquoi Berkshire Hathaway n'y investit pas quelques uns des 36 milliards US qui dorment dans ses offres?

«Les indices sont la meilleure solution pour les gens qui ne connaissent rien à la Bourse. Charlie et moi nous rapprochons de ce seuil, mais nous ne l'avons pas encore atteint», dit Warren Buffett à la blague.

«Je serais déçu si Berkshire Hathaway ne faisait au moins quelques pourcentages de plus que l'indice Standard & Poor's chaque année», ajoute-t-il.

L'intégrité des journaux compromise

Warren Buffett a toujours eu un faible pour les journaux - son premier emploi a été de les distribuer à bicyclette lorsqu'il avait 13 ans.

Malgré les résultats décevants de ses journaux - le Washington Post et le Buffalo News - Warren Buffett a bien l'intention de les conserver. Mais son complice Charlie Munger a peur pour l'intégrité des journaux. «

«En raison des pressions économiques, les journaux ont besoin des grands annonceurs comme jamais auparavant. Ce sera plus difficile pour eux de conserver le même niveau d'intégrité qui leur a permis d'être aussi utile à notre pays (les États-Unis)», ajoute Charlie Munger.

Heureusement, les journaux ont toutefois une dernière carte dans leur manche en Bourse: leur image de marque.

«Le prestige, ça se paye», dit Charlie Munger.

Warren Buffett a notamment donné l'exemple de Rupert Murdoch, qui tente de mettre la main sur le Wall Street Journal.

«Rupert Murdoch lui-même serait probablement d'accord qu'une partie de son intérêt n'a rien à voir avec la valeur comptable du Wall Street Journal. Dans certains industries - les équipes de sport professionnel, les studios d'Hollywood, les compagnies aériennes et les journaux -, une société vaut davantage que sa valeur aux livres. Nous verrons de plus en plus de gens acheter des journaux pour leur prestige.»

Un emploi tranquille

Encore une fois, Warren Buffett a dû justifier son aversion des titres technos.

«Il y a beaucoup trop de changements dans ce secteur, dit-il. Le changement est merveilleux pour les gens, mais pas toujours pour les investisseurs. Les compagnies aériennes ont rendu de grands services aux consommateurs mais elles n'ont jamais été véritablement rentables pour leurs actionnaires.»

«Nous aimons mieux des compagnies comme Gillette, qui détient 70 % du marché mondial des rasoirs. Surtout que tout le monde sait que les hommes ne changent pas et qu'ils n'ont aucune imagination»

Warren Buffett a aussi dû expliquer pourquoi il se tient loin de l'immobilier. «C'est un secteur où on doit faire nos acquisitions une après l'autre, dit-il. Il faut travailler dur pour réussir. Et nous n'aimons pas travailler dur!»

Comme à chaque année, l'oracle d'Omaha a dû aborder la question délicate de sa succession. Berkshire Hathaway vient de commencer son processus de recrutement. Le nouveau directeur des investissements boursiers devra veiller sur son portefeuille de 100 milliards US.

Malgré ses 76 ans, l'oracle d'Omaha a bon espoir d'être présent à la prochaine assemblée des actionnaires de Berkshire Hathaway, qui aura lieu en mai 2008. «Je ne fume pas. Je ne bois pas. Et j'ai un emploi qui n'est pas stressant »